Au cœur des églises de Paris

Clémentine Portier-Kaltenbach (dir.), Coups de choeur, ils racontent leur église préférée, Paris : Tallandier, 2018, 238 p., [18,90 €].

Ce compte-rendu est l’occasion de remercier tous les attachés de presse, ici Isabelle Bouche chez Tallandier. La plupart des livres présentés sur ce blog nous sont transmis grâce à leur travail efficace. Ils ou elles promeuvent les livres de leur maison d’édition, mettent en valeur les auteurs, créent un lien important entre les media, les lecteurs et les différents acteurs du livre en France, Belgique, Suisse, Italie, ou au Liban.

Pour ce Coups de choeur nous avons le plaisir de rédiger la recension d’un livre dédicacé par six des treize contributeurs, y compris la coordinatrice de l’ouvrage. Chacun raconte une église de Paris sous un angle différent, tels Notre-Dame de Paris (Fabrice d’Almeida, p 149-160), cathédrale du diocèse qui est bien connue grâce à l’ouvrage paru aux éditions de La Nuée bleue, la chapelle des Beaux-Arts (Serge Legat, p 161-182) ou bien le Panthéon (Bruno Fuligni, p 197-208).

Adrien Goetz décrit l’église Saint-Roch (p 13-39), « paroisse des écrivains et des artistes » (p 24) par le biais de ses œuvres d’art : les orgues, chapelles, coupole et tous les autres éléments d’architecture. Cela lui permet d’évoquer le peintre Guillaume Guillon Lethière, auteur de L’Apparition du Christ à Marie-Madeleine. Ce peintre, métis, « fils naturel d’un officier blanc de la Guadeloupe » (selon Érick Noël, Être Noir en France au XVIIIe siècle, Paris : Tallandier, 2006, p 157) a une carrière de peintre semblable à celle de Joseph Bologne dit chevalier de Saint-Georges en musique. Ils sont deux exceptions par leur notoriété et leur liberté dans la présence des Noirs en France avant 1794. La même page 36 évoque la chapelle décorée par Théodore Chassériau, lui aussi, comme Guillaume Lethière, né dans l’espace caraïbe, à Saint-Domingue pour sa part. Il illustra la postérité de Jean-Dominique Ingres dans la peinture d’Église au XIXe siècle comme le souligne Amaury Duval, lui-même peintre à Saint-Germain l’Auxerrois, Saint-Merry, Saint-Germain-en-Laye (L’Atelier d’Ingres, Paris : éditions G. Crés et cie, 1924, p 198). Chassériau, à Saint-Roch, peint Saint François-Xavier baptise les Indiens et Saint Philippe baptise l’eunuque de la reine d’Éthiopie (p 36, 38).

Sa contribution est aussi l’occasion pour Adrien Goetz de rendre hommage à Pierre Combescot pour lequel une messe a été célébrée quelques semaines après son décès, en septembre 2017.

L’église Saint-Sulpice est décrite par la directrice de l’ouvrage, Clémentine Portier-Kaltenbach, qui dit elle-même appartenir aux « réformés calvinistes » (p 88). Elle explique (p 90) que « dans une église catholique, où que le regard se pose, il accroche quelque merveille, jubé, chaire, sculpture, peinture, chapiteau, châsse ou custode ». Saint-Sulpice est présentée comme une Église vivante. L’édifice lui-même est « un chantier perpétuel » (p 92) qui n’a jamais cessé d’être en travaux « depuis la pose de sa première pierre par Anne d’Autriche en 1646 » (p 93). « Les paroissiens » partagent aussi des « repas fraternels tirés des sacs » (p 90) montrant là une église au cœur d’une paroisse animée.

Philippe Charlier évoque l’église Saint-Julien le Pauvre dans les pages 111 à 119. Il en souligne le calme « hors du temps » (p 119). Il en présente l’histoire contemporaine avec l’installation à la fin de 1888 de la paroisse grecque catholique melkite et, deux ans plus tard, de l’iconostase due à Gergi (Georges) Bittard, ébéniste à Damas (p 115). Cette iconostase, c’est-à-dire la cloison présentant les icônes et séparant la nef et le chœur dans les rites orientaux, est aujourd’hui le sujet d’un livre en vente à la paroisse et d’un article de Paris Notre-Dame (18 octobre 2018, n° 1737, p 9).

Ce Coups de chœur est un livre à avoir en mains pour visiter les églises de Paris bien sûr et à lire pour la qualité de la plupart de ses textes.

Luc-André Biarnais
archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun

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