couverture Le regard tourné vers le ciel : les ex-votos peints de Provence

Les ex-voto peints, témoignage de dévotion populaire

Bernard Cousin, Le regard tourné vers le ciel : ex-voto peints de Provence, Aix-en-Provence : Presses universitaires de Provence, coll. Le temps de l’histoire, 2017, 222 p., 21 €.

Bernard Cousin est professeur honoraire d’histoire moderne à l’université Aix-Marseille. En 1981, il a soutenu sa thèse Le miracle et le quotidien. Les ex-voto provençaux, images d’une société, sous la direction de Michel Vovelle. Elle a été publiée en 1983. Il reprend pour le présent ouvrage ses recherches sur les ex-voto, appuyé par les technologies numériques, qui lui ont permis de présenter les œuvres de manière dynamique et interactive sur le site http://exvoto.mmsh.univ-aix.fr.

Il défini page 7 un ex-voto comme un « don fait par un fidèle à un personnage céleste en remerciement d’une protection demandée (le vœu) et obtenue ». Ce don peut prendre différentes formes : un objet rendu inutile par le miracle (une béquille par exemple), une figurine du donateur en prière ou d’une partie de son corps, un tableau. Tous symbolisent le donateur, mais l’image peinte permet la représentation la plus personnalisée et met en valeur la relation entre le saint intercesseur et le miraculé. (p. 10) « L’ex-voto peint est un tableau de taille modeste qui représente à la fois le protecteur céleste et le donateur du tableau. C’est ce qui fait sa spécificité, et sa supériorité sur les autres formes de dons votifs. Par cette double figuration il exprime le lien qui s’est, l’espace d’un instant, matérialisé entre protecteur et protégé ».

Les ex-voto peints sont apparus aux XIVe et XVe siècles en Italie. Il s’agit d’abord de peintures murales, puis de tableaux de moindres dimensions, plus faciles à réaliser et moins onéreux. Cette pratique se développe en Provence à la fin du XVIe siècle. Elle connaît son apogée au XIXe siècle, avant d’être remplacé par la plaque de marbre au XXe siècle. Si toutes les couches de la société utilisent les ex-voto, cette forme de dévotion est particulièrement prisée par les milieux populaires, notamment au cours du XIXe siècle.

La Provence est une région riche en ex-voto. Elle compte de très nombreuses chapelles, dont certaines ne sont visitées qu’une fois par an. Or, ces lieux de culte peu fréquentés, ainsi que les sanctuaires et lieux de pèlerinage, sont des lieux de dépôt privilégiés pour ces petits tableaux, bien davantage que les églises paroissiales. L’un des ex-voto déposés à Notre-Dame du Laus est reproduit page 33.

Marie est une figure importante dans cet art, tant dans les représentations que dans les lieux de dépôt : cela correspond à la dévotion initiée par la Contre-Réforme et par le Concile de Trente, ainsi qu’à l’enseignement de l’Église au XIXe siècle. Après les apparitions de Lourdes, en 1858, les images de la Vierge se modifient : elle n’est plus représentée vêtue de rouge et de bleu, mais en blanc parée de bleu.

Si ce livre est une réussite universitaire et constitue un ouvrage de référence sur le sujet, tant grâce à sa richesse iconographique qu’à la pertinence de l’analyse, il est dommage qu’il n’ait pas été doté d’un index.

Hélène Biarnais
bibliothécaire du diocèse de Gap et d'Embrun

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