Jésus Christ

Gérard Bessière, Le choc de Jésus, La Riche : Diabase, 2018, 299 p., 20 €.

Le Père Gérard Bessière est bien connu pour avoir été journaliste à La Vie, éditeur au Cerf, et auteur de nombreux livres, souvent centrés sur le Christ, comme Jésus le dieu inattendu (Gallimard, Découvertes, traduit en 14 langues), et, aux éditions du Cerf : Jésus selon Proudhon, Prier comme Jésus, Jésus insaisissable, Jésus est devant

De Gérard Bessière, un deuxième tome présentera ses homélies de 1976 à 1992. Ici, ce sont celles prononcées sur quatre années, de 1972 à 1975. Elles ont été données en des lieux très variés, de Paris à la Haute-Savoie, de la Dordogne à la Provence, de la France à la Belgique… et en des occasions très diverses : des fêtes de Noël à Pâques et à Pentecôte, d’une célébration près de la mer à Nice à une messe à la chapelle des Jeunes aveugles. Ce choc de Jésus est très sensible en ces prédications très circonstanciées. Elles n’ont pas perdu de leur force, ni de leur qualité suggestive, ni de leur valeur spirituelle et missionnaire.

Ces homélies sont scandées par des titres et des sous-titres très alertes. La parole du père Bessière est toujours chaleureuse et fraternelle, interpelante et encourageante, méditative et poétique. À partir de la Parole de Dieu, il puise dans les réalités de la vie quotidienne et il excelle à tourner l’auditeur vers un avenir que Jésus ne cesse d’ouvrir. Par exemple, Gérard Bessière s’émerveille devant le lapsus d’un enfant à la confession : « …Je prends la ferme révolution » (p.200). De là, la joie du prédicateur sur « la ferme révolution de Jésus » : celle de l’amour du Père et des frères, celle de la justice, de l’espérance, de la fraternité. Et, à Pentecôte, son exclamation devant l’Esprit Saint annoncé par Jésus : « Esprit de Dieu, aigle à la perpétuelle jeunesse, colombe de douceur, initiatives de l’amour, étonnement de vivre, indicible silence » (p.116). Grâce à Jésus, la prière est « cette énergie qui doit changer la vie ». Et, confié par Jésus, bien loin d’être « la lourde flotte des Pater » (Charles Péguy), le Notre Père est comparable « au feu et à la force du Vésuve » : « le Notre Père toujours ranimera les hommes de l’avenir, car il est refrain d’Exode et chant de Pâques » (p.208). L’ouvrage se termine par cette expression du désir de l’être humain si tangible à Noël : « La petite fille Humanité cherche Jésus : c’est en elle que Dieu veut naître ». Le père Bessière cite volontiers des biblistes comme Gerhard Von Rad et Joachim Jeremias, des théologiens comme Thomas d’Aquin et Jürgen Moltmann, des philosophes comme Emmanuel Lévinas, mais aussi des poètes comme William Shakespeare, Paul Valéry et Saint-John Perse, et des maîtres spirituels comme François d’Assise et Charles de Foucauld… Mobilisés par le choc de Jésus, de quoi « jouer sa vie sur l’Évangile » (p.188). Chaque page est nourrissante de foi au Christ et provocatrice à la réflexion dans le contexte présent.


Père Pierre Fournier
diocèse de Gap et d'Embrun
1948 - 2021

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