Mgr Benoît Planchet (1802-1859)

Le chanoine Louis Jacques, archiviste du diocèse de Gap entre 1962 et 1981, a constitué en 1968 un dossier sur Mgr Benoît Planchet (1802-1859). Il s’agissait de documenter une réponse à une demande formulée par Dom André Chapeau, osb, auteur d’un episcopologe, c’est-à-dire un ouvrage publiant une liste d’évêques avec une notice biographique.

Le père Joseph Richard dit Duchamblo publie quelques mots dans Semaine Hautes-Alpes du 9 juillet 1972 sur Mgr Planchet, « délégué apostolique en Petite Arménie ». Son information venait de L’Ami du clergé. Cette revue avait obtenu les renseignements du père Fernand Combaluzier, prêtre lazariste « qui a des origines tallardiennes » et collaborateur de Dom Chapeau.

Benoît Planchet est un évêque haut-alpin peu connu. Ni le Bulletin de la Société d’Études des Hautes-Alpes ni les Annales des Alpes n’en ont fait un sujet d’article. Il est d’une famille originaire de l’Isère. Il serait apparenté à l’abbé Joseph Planchet, curé de la paroisse de Saint-Hilaire de Brens qui, après avoir prêté le serment à la constitution civile du clergé au début de la Révolution française, semble l’avoir rétracté. Il est d’abord emprisonné à Crémieu puis guillotiné à Lyon en février 1794. Benoît Planchet, lui, est né le 22 janvier 1802 à Gap, de Marie-Rose Moynier et de Charles Planchet, militaire alors en cantonnement à Gap. Il est, d’abord, élève à Saint-Sulpice et entre dans la compagnie de Jésus en 1821. Il effectue ses études de théologie à Rome, il est ordonné prêtre en 1830. À cette époque les missionnaires sont souvent attachés à la perspective de « latiniser » les rites orientaux.

En 1831, il participe à la fondation de la mission du Mont-Liban, devenue ensuite celle de Syrie. Il y crée des écoles. En 1841, il est nommé supérieur de la mission de Constantine, en Algérie. Cependant, le gouvernement français refuse son agrément, craignant que le père Planchet, arabisant, ne tente d’évangéliser la population. Le père Jean-Philippe Roothaam, le supérieur général des jésuites, le nomme à la tête de la mission du Levant (1841) et de la Résidence de Beyrouth. À 40 kilomètres de cette ville, à Ghazir (1843-1844), il ouvre avec le père Paul-Marie Roccadonna, un séminaire-collège qui sera le noyau de l’université Saint-Joseph de Beyrouth, fondée en 1875. Ghazir est une « pépinière de cadres pour les Églises orientales » selon l’historien Jérôme Bocquet. Le père Planchet en est le recteur de 1847 à 1848. De 1848 à 1850, il est missionnaire à Zahlé, dans la Bekaa, avec le père Riccadonna.

Nommé en janvier 1851 pro-délégué puis en 1853 « délégué apostolique de Mésopotamie, Kurdistan et Petite Arménie », Mgr Benoît Planchet est sacré évêque de rite latin par le patriarche chaldéen Sa Béatitude Joseph VI Audo. Sa mission consiste en l’organisation des Églises orientales, notamment en présidant des synodes : celui des chaldéens avant son sacre épiscopal, celui de l’Église syrienne catholique à Charfeh (Liban) en 1854.

Il meurt au lendemain d’une attaque de brigands dont il est victime en septembre 1859, au Kurdistan, entre Diyarbakir et Urfa, alors qu’il se rendait à Rome.

Je remercie Barbara Baudry, responsable des archives de la province d’Europe occidentale francophone de la compagnie de Jésus pour la documentation complémentaire qu’elle m’a transmise ainsi que Pauline Chamoun, chef de département technique au Centre des archives nationales du Liban, pour les photographies de Ghazir.

Pour en savoir plus :

Paul Dudon, sj, Chronique des missions in Études, 1900, p 497-524. Il s’agit d’un article publié à l’occasion de l’exposition universelle de Paris en 1900.

Mission du Liban in Annales de la Propagation de la Foi, volume XXIV, 1852, p 451-480.

Vous pouvez, ici, consulter le dossier constitué par le chanoine Louis Jacques.

La fiche de Mgr Benoît Planchet sur catholic-hierarchy se trouve ici : http://www.catholic-hierarchy.org/bishop/bplanchet.html

Luc-André Biarnais
archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun

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