Pierre Goursat, le fondateur de la Communauté de l’Emmanuel

Pierre-Marie Chaboche, Je ne commencerai pas sans toi, un portrait de Pierre Goursat, Paris : Éd. Salvator, 2018, 265 p., 21 €.

Dès son enfance, Pierre-Marie Chaboche, né en 1955, a connu Pierre Goursat (1914-1991) à Paris, et de façon déterminante à ses 17 ans quand Pierre Goursat, en 1972 et Martine Catta ont fondé la Communauté de l’Emmanuel. L’auteur est l’un des membres du petit groupe initial de prière. Nous avons donc là un précieux témoignage personnel, bien documenté, sur la personnalité et l’œuvre de Pierre Goursat, ce laïc proposé à la béatification, ainsi que le Père Henri Caffarel qui a été son interlocuteur.

Suite à la biographie de Bernard Peyrous et d’Hervé-Marie Catta « Le feu et l’espérance, Pierre Goursat, fondateur de la Communauté de l’Emmanuel » (2007), suite au recueil « P. Goursat, Paroles » publié par Martine Catta (2011), Pierre-Marie Chaboche entend, ici, apporter les « pépites d’un vrai trésor » (p.19), l’enjeu des faits et des paroles de feu prononcées par Pierre Goursat en diverses occasions. Par exemple, sa parole spontanée à l’auteur : « Je ne commencerai pas sans toi » (p. 121), d’où le titre du livre. Cette parole signifie bien la passion de Pierre Goursat pour la solidarité envers tous ses frères, pour l’évangélisation, la mission au service de l’Évangile de la miséricorde inépuisable de Dieu envers chacun.

Pierre  Goursat a vécu une première conversion à ses dix-neuf ans, puis, de façon décisive en 1972 avec l’effusion de l’Esprit Saint. Il a fondé sa spiritualité sur le Dieu miséricordieux et Sauveur, la prière, l’adoration, l' »amour de l’Eucharistie » (p. 49), l’accueil de la force de l’Esprit Saint, l’intercession de la Vierge Marie, un sens aigu de l’Église et de la liturgie. Il a préconisé la vie fraternelle, ou communautaire, pour les personnes et les familles, la pratique des « maisonnées ». Un point d’insistance du combat spirituel quotidien de Pierre Goursat revient souvent : la lutte contre le mal et le péché individuel et collectif, particulièrement contre l’orgueil, et l’entrée dans une humilité véritable et dans l’esprit de service. Avec un humour habituel, Pierre Goursat était un homme à la fois érudit, discret et humble, voué à l’intériorité et à la préoccupation du salut de l’humanité vers l’avenir et le Royaume des cieux. Pierre-Marie Chaboche fait écho à la réflexion de Pierre Goursat sur le « péché des origines », sur le « péché originel » si quotidien comme « clé incontournable de lecture » (p. 43-50), et l’aspiration à regarder vers le monde nouveau, vers la Création nouvelle évoquée par le livre de l’Apocalypse.

Ce livre est ainsi très éclairant sur le parcours spirituel de Pierre Goursat et sur son rayonnement exceptionnel avec la collaboration de Martine et Hervé-Marie Catta. La fécondité spirituelle et ecclésiale est soulignée quant à la Communauté de l’Emmanuel comme courant du Renouveau charismatique au sein de l’Église, dans le catholicisme français et au-delà. Sur mode de récit, le livre est écrit sur un ton très vivant,à la fois concret, sensible, et contemplatif, où l’on sent combien l’auteur est impliqué dans le même parcours de foi, de « feu », et de désir missionnaire.


Père Pierre Fournier
diocèse de Gap et d'Embrun
1948 - 2021

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