Oser être prêtre

George Augustin, Appelés à la joie, oser être prêtre, Paris : éd. Médiaspaul, 2017, 300 p., 20 €.

Le P. George Augustin, prêtre de la Congrégation des Pallotins, en Allemagne, est très investi dans le formation continue des prêtres en étant responsable de leur accompagnement spirituel et de la pastorale sacerdotale dans le diocèse de Rottenburg-Stuttgart, tout en étant, à Rome, consulteur auprès de la Congrégation pour le Clergé, et auprès du Conseil pontifical pour la promotion de l’Unité des chrétiens.

Le fil conducteur de cet appel à « Oser être prêtre » est la dynamique de la grâce et de la joie comme saint Paul exhorte à être « serviteurs de la joie » (2 Cor 1,24: p. 9-14 ; 230…). La vocations des prêtres est bien de recevoir la joie profonde de Dieu, de la vivre au milieu des frères, et de la leur partager pour « garder les cieux ouverts » auprès de tous (p.256 ; 286 ; 291).

Le P. Augustin connaît bien les réalités présentes, très diverses et concrètes, gratifiantes ou laborieuses, du ministère et de la vie des prêtres. Mais, professeur de théologie fondamentale et dogmatique, il propose un net « changement de perspective » pour aborder les points essentiels « à partir du centre et de l’ampleur de la foi catholique » (p.14). C’est donc sous l’angle des fondamentaux que G. Augustin envisage  le « service de la joie » au cœur de la mission de prêtre. Les « défis de notre temps » (chap.1) attendent une triple réponse : par rapport à la question de Dieu, du Christ, et de l’Église. La joie du prêtre a sa source dans une radicale « participation à la vie de Dieu », qui ouvre à la divinisation de l’homme (chap.2). De plus, le sacerdoce ministériel est une réelle participation au sacerdoce du Christ (chap. 3). La vocation consiste ainsi à répondre à la suite du Christ, à l’imiter dans un choix de vie spécifique. La vie du prêtre devient alors un « sacrement pour le monde » (chap. 4). Pour « vivre de la force de l’ordination », le prêtre se nourrit de la liturgie de son ordination, du don de soi, de l’attachement croissant au Christ Seigneur, selon le « caractère indélébile » de la grâce de l’Esprit Saint dans l’ordination (chap. 5). Le « centre eucharistique du ministère ordonné » est prioritaire du fait que l’Eucharistie fonde une spiritualité de la Présence du Christ en son mystère pascal, de l’adoration, de la vie de l’Église, et de l' »avant-goût de la perfection céleste » (chap. 6).

À partir de ces axes fondateurs, la fonction pastorale du ministère presbytéral peut être étudiée comme service (diaconie) du salut des hommes et de la glorification de Dieu, comme évangélisation et fécondité du témoignage, comme carrefour de collaborations (chap. 7). Au cœur des défis contemporains et des structures pastorales ou des normes ecclésiastiques, pour l' »annonce de la miséricorde de Dieu » (p.240), une certaine conception de la vie du prêtre trouve de solides aides favorisant la profondeur spirituelle, la sainteté de vie, la prière existentielle, dans la communion des saints, et en lien avec Marie, mère de Dieu (chap. 8). Le « souci du presbyterium »? c’est la « coopération entre prêtres », en réseau fraternel et en soutien mutuel, avec une visée de pastorale des vocations sous l’impulsion de l’Esprit Saint (chap.9). L’auteur termine sur « l’appel à la joie » et par un encouragement à être prêtre: vivre un enthousiasme pour Dieu en trouvant en Lui une source permanente d’énergie. Une prière finale s’adresse au Christ pour que son Amour décisif habite pleinement les prêtres.

La réflexion du P. Augustin se fonde à la fois sur les Pères de l’Eglise (Irénée, st Augustin,…), saint Thomas d’Aquin, mais aussi, bien sûr, sur les documents de Vatican II (Le ministère et la vie des prêtres…) ainsi que sur l’exhortation de Jean-Paul II « Pastores dabo vobis », et sur U. von Balthasar, J. Ratzinger, ou Benoît XVI (L’amour dans la vérité;…).  Etant proche du Cardinal W. Kasper, l’auteur s’appuie volontiers sur ses œuvres. Le cardinal Kasper, dans la préface, souligne: « Ce livre dégage un enthousiasme et veut réveiller un enthousiasme » (p.11). Autant dire que cet ouvrage solide, écrit dans une langue claire et entraînante, offre aux prêtres une véritable et nourrissante méditation sur les enjeux de leur vocation à  la joie et de leur ministère missionnaire. Ceux qui se questionnent vers la beauté de ce chemin de vie trouveront les éléments de discernement pour « oser être prêtre » et, ainsi, « serviteurs de la joie » parmi leurs contemporains.


Père Pierre Fournier
diocèse de Gap et d'Embrun
1948 - 2021

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