Christophe Hadevis, Erwan Le Saëc, Véronique Gourdin, La Soif de Dieu : une vie du père Anizan, Paris : Éditions de l’Emmanuel, 2017, 49 p., 15 €.
Ce volume a participé au grand-prix international de la bande-dessinée chrétienne en janvier 2019. Les auteurs signalent qu’il existe déjà une œuvre semblable sur le père Jean-Émile Anizan (1853-1928), également disponible à la médiathèque Mgr Depéry : Jean Pihan, Gaston Courtois, Robert Rigot, Le Père Jean-Émile Anizan, fondateur des fils de la charité, Paris : Fleurus, 1952.
Celle de 2017 présentée ici, a été créée à l’occasion du centenaire de la fondation des fils de la charité. Dès la première page le lecteur est placé dans le contexte de la guerre franco-prussienne (p 4-5). Jean-Émile Anizan y rencontre Charles Gibier, « brancardier lors de la guerre de 1870 » selon Mathilde Guilbaud dans le Dictionnaire des évêques de France au vingtième siècle (p 297-298). Le futur évêque de Versailles (1906-1931) est aussi évoqué page 35.
Après la guerre de 1870-1871, la pauvreté est importante dans la région d’Orléans. La place des conférences de Saint-Vincent de Paul dans la vie de Jean-Émile Anizan est montrée pages 6-7. L’attention aux pauvres (p 9) est l’un des moteurs de sa vocation. Il répond à celle-ci lors de son ordination le 22 décembre 1877. Être au service des plus humbles, c’est aussi être au milieu d’eux dans un café (p 16) pour pouvoir mieux les accueillir dans une église (p 18).
Jean-Émile Anizan entre chez les frères de Saint-Vincent de Paul en 1886. Il est nommé aux côtés du père Henri Lucas-Championnière (également cité p 21) dans les œuvres à Sainte-Anne de Charronne dont sont chargés les frères (p 13).
À la fois dans le contexte de l’application de la loi de Séparation du 9 décembre 1905 et de montée du catholicisme social 1906 (p 21), la congrégation des frères de Saint-Vincent de Paul est inquiète de « la vision d’Anizan » et a peur « que ses idées soient influencées par un modernisme social » alors que « notre combat est de défendre la vérité sous toutes ses formes face au monde moderne ».
Alors que le père Anizan est supérieur, une enquête canonique (p 23) le dépose. Cependant, il considère que (p 25) « notre action repose sur la charité. Et quand la charité s’empare d’une âme, par la grâce de Dieu, elle ne raisonne plus elle aime, elle agit, elle se donne sans compter ! ». Il est remplacé (p 30) par le père Degrousseaux à la tête de la congrégation en janvier 1914.
Le père Jean-Émile Anizan (p 35 et 39) quitte les frères de Saint-Vincent de Paul le 2 août 1914 alors qu’éclate la Première Guerre mondiale. Il devient (p 36-41) aumônier militaire à l’âge de 61 ans. Il est nommé curé à Notre-Dame de Clichy en 1916 (p 42) où il développe les œuvres catholiques. Cette bande-dessinée montre les moments de doute, de recherche de Jean-Émile Anizan, par exemple (p 46) lors de la création des fils de la charité en 1918.
En 1927, (p 47) Le père Jean-Émile Anizan rencontre l’abbé Joseph Cardjin, fondateur de la Jeunesse ouvrière chrétienne. Il décède en 1928.
Cette bande-dessinée illustre bien l’action de l’Église en milieu populaire, particulièrement ouvrier. Elle peut être lue tant dans un objectif catéchétique que pour illustrer un cours d’histoire.
Luc-André Biarnais archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun