Parmi l’ensemble des articles publiés en décembre 2019 dans le Bulletin de la Société d’Études des Hautes-Alpes, retenons en premier lieu la recension par Yves Chiaramella du catalogue de l’exposition en 2018 intitulée Le diocèse de Gap dans la Grande Guerre dont la version numérique est gratuite ici :
Anne-Marie Granet Abisset, également auteur de la préface (p 11-38) du volume 5 (Hautes-Alpes) de la Bibliographie de la presse française, politique et d’information générale des origines à 1944, publie un article interrogeant les notions de saisonnalité et de périodicité dans le tourisme et les migrations (les touristes, des migrants comme les autres ?, p 115-127). Elle s’interroge sur « les premiers touristes [qui] sont peut-être d’abord d’anciens originaires » tels les « Barcelonnettes » (p 121). La conclusion (p 125) montre que le tourisme comme apport du monde moderne sur un territoire est un lieu-commun médiatique. L’auteur affirme que, « quelque soient les périodes, les touristes sont bien des migrants comme les autres », également comparés (p 124) aux nouveaux arrivants qui provoquent un « renouveau démographique dans les villages d’altitude à partir de 1975 »
Cette étude peut être le point de départ d’une interrogation des concepts d’ « authenticité » et de « vie typique » attendus par les touristes et, du moins, vendus par les opérateurs commerciaux. Une autre piste de travail serait aussi d’étudier la place du « visiteur » quasi permanent comme il en existe en certains lieux, tel le sanctuaire Notre-Dame du Laus. Ils habitent dans des locations plusieurs mois par an, voire à l’année, entraînant avec eux un phénomène économique et social.
Jean-Marc Barféty, dont les blogs très documentés sont consultables ici http://www.bibliotheque-dauphinoise.com/ rend hommage à Dominique Villars, botaniste et homme de lettres » (p 27-51). Les liens entre Villars et l’abbé Dominique Chaix sont soulignés pages 31 à 33.
Le père Vincent Léotaud
Dans « un savant briançonnais au XVIIe siècle, Vincent Léotaud », Marie-Claude Paskoff et Anne Tarpent mettent en lumière (p 53-69) le père jésuite Vincent Léotaud, « un grand savant [reconnu] dans le monde des élites scientifiques, mais très vite […] oublié dans sa propre région ». Né en 1595 aux Près en Vallouise, son parcours et celui de son lointain successeur, le père Jean-Joseph Rossignol (1726-1815) sont assez similaires : étude au collège d’Embrun, puis profession dans la compagnie de Jésus, nomination à l’extérieur du diocèse avant un retour. Sont-ce là des traits de personnalité ? Des qualités acquises au cours des études ? La curiosité intellectuelle, l’esprit critique sont communs à Léotaud (p 55) et à Rossignol. Le père Vincent Léotaud meurt en 1672, soit deux ans après la naissance du père Pierre Jartoux, missionnaire en Chine (1669-1720). Mgr Xavier Malle, évêque du diocèse de Gap, a annoncé que 2020 serait une année jubilaire à l’occasion du tricentenaire du père Pierre Jartoux (1669-1720) lui aussi élève du collège jésuite d’Embrun.
Outre l’intérêt de l’œuvre scientifique de Vincent Léotaud ici réinterrogée, cet article permet de mieux comprendre ce qu’est le collège d’Embrun, « plus de 400 élèves au milieu du XVIIe » siècle. Ce chiffre est considérable au regard de celui des années 1767-1773 où la classe de 6e reçoit en moyenne 15 élèves par an seulement (Archives départementales des Hautes-Alpes, F 779, pièce 38) juste avant que Jean-Joseph Rossignol ne prenne la place de sous-principal.
Évoquons enfin l’article de François Artru, « Traces et tracé de la voie romaine per Alpes cottias de Chorges à Césane » (p 5-26) qui permet, par exemple, de situer l’importance d’Embrun sur cette route.
Luc-André Biarnais archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun