Joachim Bouflet, Quand Thérèse parlait aux mystiques, Perpignan : Artège, 2019, 244 p., 16,90 €.
Étonnante Thérèse de Lisieux (1873-1897) déclarée docteur de l’Église en 1997 et qualifiée, par Pie X, de « plus grande sainte des temps modernes ». Elle a un « rayonnement surnaturel mondial » auprès de philosophes (Henri Bergson, Emmanuel Mounier, Jean Guitton) comme auprès d’écrivains, de cinéastes, sculpteurs, chanteurs… (p. 7-9). Et bien des mystiques ont été dynamisés par elle comme le montre ici Joachim Bouflet. Celui-ci, consultant auprès de postulateurs de causes de canonisation, analyse l’itinéraire spirituel d’une vingtaine de mystiques pour qui la sainte de Lisieux a bouleversé leur vie (sous-titre). Ces mystiques du XXe et début XXIe siècles sont de bien des pays, de l’Amérique latine à l’Europe et à l’Asie. La majorité sont des femmes dont certaines bien connues : Marthe Robin, sainte Faustine. Plusieurs figurent déjà dans le Dictionnaire des femmes mystiques, d’Audrey Fella (Bouquins, 2013). Parmi les hommes : le célèbre Padre Pio, le jeune vietnamien Marcel Van, et l’italien Don Pietro Gonella (1931-1979), mort à l’âge de 48 ans, après 30 années de maladie et quinze mois de sacerdoce (p. 237). Ordonné prêtre en 1978 par autorisation de Paul VI, Don Pietro célébrait la messe assis dans son lit à l’intention de tous les souffrants.
Joachim Bouflet termine par un chapitre « D’autres encore », non des moindres, ce qui pourrait donner lieu à un nouveau livre : sainte Edith Stein, saint Maximilien Kolbe… Le père Marie-Joseph Lagrange, fondateur de l’École biblique de Jérusalem, reconnaît que Thérèse l’a aidé à dépasser l’aridité de recherches très techniques. Et Jacques Fesch, à la veille de son exécution, à 27 ans, exprime le soutien qu’il reçoit de Thérèse.
Au fil de ces témoignages, le lecteur reconnaît que Thérèse réalise « des miracles d’un type bien particulier » (p. 11). Par exemple quand Thérèse se propose à Marcel Van comme sa « grande sœur » et l’accompagne dans sa vie de prière et dans le discernement de sa vocation (p. 201-221). Ces « miracles » vérifient la portée de la parole de Thérèse : « Je reviendrai sur la terre pour faire aimer l’Amour ». Ils confirment également le propos de l’historien François Huguenin dans Les grandes figures catholiques de la France (Perrin, 2016) : « en sa popularité posthume, Thérèse est universelle, prophète des temps nouveaux. Elle ouvre la voie à la proximité de chacun avec Dieu ».