Perspectives et réflexions, n° 4-2016, Œuvres d’Orient, 99 p.
Perspectives et réflexions, périodique de l’Œuvre d’Orient, est consacré à l’histoire, la théologie, la géopolitique des chrétiens d’Orient. Dans le cadre de ce projet se trouve le dialogue islamo-chrétien, sujet de ce numéro de la revue. Ce dialogue « permet d’approfondir sa propre foi » s’il est « sérieux, en vérité, exigeant, respectueux des personnes » selon les mots de Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient (p 2). Le rédacteur en chef, Antoine Fleyel, souligne que « le dialogue se constitue en impératif pour construire la paix » (p 3) d’autant que « ce qu’il y a de plus fondamental dans la foi chrétienne pousse au dialogue. Dieu, Trinité, est en lui-même différence et altérité, ce qui n’empêche pas son unité ».
Renouveler le dialogue islamo-chrétien
L’appel au renouveau du dialogue islamo-chrétien est étudié par Fadi Daou, à l’aune du paradigme « de la citoyenneté interculturelle » (p 7-20). Rémi Caucanas, directeur de l’Institut catholique de la Méditerranée, contribue à ce numéro par un article intitulé « Le Moyen-Orient, impasse du dialogue ? (p 21-34). Il écrit que « le dialogue ne prend aujourd’hui de sens que par la connaissance croisée et approfondie des patrimoines religieux de chacun, sans faire fi des réconciliations nécessaires ni des complexités du monde contemporain » (p 34). Sa Béatitude Mgr Michel Sabbah, patriarche émérite de Jérusalem a pris comme sujet « Les dialogues des chrétiens, juifs et musulmans en Palestine-Israël » (p 35-44).
L’imam Chafik Jaradi, qui est musulman chiite, s’interroge sur les non-dits et les a priori du dialogue (p 45-50) dans son texte intitulé « Le dialogue islamo-chrétien sur le terrain de la politique » (p 45-59). Il pose la question de ce qu’est la religion comme relation de l’individu ou de la communauté avec « son Seigneur » (p 53). Sur la question centrale (la religion et la politique, p 56-59), il écrit : « l’islam pourrait considérer, dans ses jugements, que l’associationniste, le mécréant ou l’hypocrite n’obtiennent pas le salut. Sauf que cela ne tient pas compte de l’attitude de coopération avec eux pour l’édification d’une société et d’une cité comme le fit le Prophète lors de la ‘constitution de Médine’. Celui-ci considéra que le musulman, le juif et le chrétien étaient, en vertu de cette constitution, une ‘seule nation’ […] ». L’imam Jaradi cite alors la sourate 60, versets 8-9 du Coran que Jacques Jomier, op, utilisait déjà dans Communio (L’islam, XVI, 5-6, septembre-décembre 1991, p 71). Il pose par-là, la question du rôle social et politique du dialogue (p 59).
Mgr Charbel Maalouf est maître de conférences à l’Institut catholique de Paris dont il dirige le département patristique et histoire du Theologicum. Il est également exarque de l’Église grec-catholique melkite en France. Il évoque « la philosophie grecque et la théologie patristique : entre le refus, la confrontation et le dialogue ? » (p 61-79). Enfin, le père Henri Legrand, op, présente l’Œuvre d’Orient sous le prisme de la « solidarité chrétienne et de [la] communion ecclésiale » en rappelant dans l’introduction de son texte l’aide apportée en 1860 aux chrétiens du Mont-Liban et de Damas (p 81-96). Il rappelle que « jusqu’au début du XXIe siècle, la convivialité entre chrétiens et musulmans était pacifique dans le monde arabe, quoique inégalitaire car la loi islamique y maintenait des distinctions et des discriminations sur une base confessionnelle » (p 96). Il souligne le rôle futur de l’Œuvre d’orient dans la reconstruction à venir : matérielles, culturelles et spirituelles.
Luc-André Biarnais archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun