Marie-Françoise Hanquez-Maincent, Les femmes dans le ministère de Jésus, de l’ombre à la lumière, Paris : Éd. Médiaspaul, 2017, 303 p., 20 €.
L’auteure est docteure à la fois en théologie et en études anglophones. Son ancrage ecclésial est solide, car elle a été rédactrice en chef de « Diaconat aujourd’hui » jusqu’en 2016 et représentante des épouses de diacres au Comité National du Diaconat. En introduction de son livre, Marie-Françoise Hanquez-Maincent situe sa démarche du « désir de comprendre ». Une double question apparaît: « Quelle image de l’humanité nouvelle donnons-nous? Comment les deux sexes se situent-ils au regard de la réalité humaine? » (p.29). Selon le sous-titre « De l’ombre à la lumière », si le Christ a lui-même opéré ce passage durant son ministère, comme contribuer à ce passage aujourd’hui ? Marie-Françoise Hanquez-Maincent commence par présenter les bases de sa réflexion, la théologie féministe, comme grille de lecture nouvelle sur le plan anthropologique, et sur le plan des enjeux épistémologiques et méthodologiques. L’auteure aborde ensuite « les Évangiles et les femmes » en contextualisant les données au regard de l’environnement social patriarcal de l’Antiquité, et plus spécifiquement le contexte juif. De quoi remarquer combien les quatre évangiles ont chacun une « présentation distincte des femmes » (p.74). De quoi aussi présenter « Jésus et les femmes » et faire ressortir combien Jésus est « un juif original » à travers sa posture, ses comportements, et dans ses paraboles. Vient alors l’étude sur des femmes « atypiques » (la Syro-phénicienne, Jeanne épouse d’un régisseur du roi Hérode Antipas), des femmes « audacieuses » (Marthe et Marie), des femmes qui « annoncent » (Marie-Madeleine, la Samaritaine). Des questions sont soulevées à propos de « l’énigme du disciple bien-aimé » et des des diverses traditions de Pâques, ainsi que la diversité des femmes au service du kérygme chrétien. Paul est perçu « entre féminisme et misogynie » (p.247), mais aussi selon de forts points de convergence avec Jésus, ce qui ouvre sur la dynamique des « femmes collaboratrices » à la lumière des Actes et des Épîtres: de vrais ministères sont esquissés, des rôles charismatiques marqués, dont « Phœbé voyageuse, diacre et président » (p. 263) et Priscille « artisane, voyageuse et enseignante ». Dans l’épisode de Marthe et Marie en Luc, le verbe diakonein « ne signifierait pas servir à table, mais remplir une tâche, voire un ministère diaconal » (p.273, cf. p. 164 sv).
En conclusion, Marie-Françoise Hanquez-Maincent résume le précieux « apport des lectures féministes »: il donne de « reconstruire une visibilité » des femmes et une réelle « diversité des charismes ». Une prise de conscience est possible vis-à-vis de l' »androcentrisme théologique classique » au profit d’une « théologique associée à une dépatriarcalisation de la Bible afin de la rendre accessible à notre époque » (p.33). De fait, « les évangiles deviennent lumineux et étonnamment libérateurs pour les femmes » (p. 274). Une abondante bibliographie est indiquée au lecteur: le magistère, les Pères de l’Église, les théologies féministes, le contexte historique de Jésus, des Évangiles, des femmes, de Paul. Le lecteur trouve ainsi en ce livre une étude à la fois abordable et fouillée, bien argumentée, et l’ouverture sur l’avenir de l’Église, une perspective qui se veut « éclairante, inspirante et prometteuse » (p.285).
Père Pierre Fournier diocèse de Gap et d'Embrun 1948 - 2021