Patrick Banon, Anti-manuel des religions pour en finir avec les contrevérités, Paris : Éditions de l’Observatoire, 2018, 234 p., [18 €].
C’est un exercice louable que de vouloir rétablir les faits face à des « contrevérités » souvent issues de la nostalgie « d’un âge d’or » mythique (p 17). C’est par exemple l’idée reçue (p 73-76) de la tolérance absolue dans l’Andalousie musulmane antérieure à 1492 : les statuts des convertis à l’islam, des juifs, des chrétiens sont analysés avec précision.
La circoncision comme rite musulman et tradition issue de l’alliance (p 104-105) est étudiée à travers le prisme de pratiques variant selon les régions du monde. Cependant, il a été difficile pour l’auteur d’éviter certains écueils. L’excision est également expliquée. Elle est pratiquée (p 105-107) dans des territoires musulmans ou non, mais n’est pas une prescription coranique. Si des autorités musulmanes l’acceptent, cela ne signifie aucunement qu’elle soit licite en droit islamique.
Considérer que « Jésus était célibataire » relève d’une contrevérité (p 153-162) est aussi inutile que d’affirmer le contraire. Tout simplement, ni les évangiles ni les autres textes canoniques n’en parlent. De même « le célibat des prêtres », qui en découle théologiquement, est une discipline appuyée sur les décisions de nombreux conciles : les Églises d’Orient et d’Occident ne l’appliquent pas de la même manière.
L’ouvrage de Patrick Banon est nourri de nombreuses références. Ses quarante chapitres, d’inégales valeurs, ont le mérite d’inciter à se documenter et à réfléchir plutôt que de céder aux idées reçues sur son prochain. Il est globalement destiné à un public éloigné de la culture religieuse.
Luc-André Biarnais archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun