Florent Schepens (dir.), Les soignants et la mort, Toulouse : Éd. Érès, 2013, 262 p., 15 €.
La réflexion sur le bioéthique est très vive aujourd’hui en France. Elle prend en compte la douleur des patients, des familles, mais elle tend à négliger l’impact sur les soignants. Or (p. 8) « si cet acharnement [thérapeutique] est source de souffrance chez les patients et leurs proches, il l’est aussi dans le monde soignant. Certains personnels médicaux et paramédicaux y répondent par l’abandon des patients – ne pas voir ce qui fait souffrir – ou encore par l’euthanasie – mettre un terme à une situation impossible créée par la médecine ».
Par sa date de parution (2013), ce livre n’intègre pas les dernières données du débat sur la bioéthique, mais il reste l’un des seuls documents sur ce sujet délicat, qu’il traite avec beaucoup de recul. La mort est-elle l’échec du soin ? Comment les personnels soignants vivent-ils ce contact avec la finitude ?
La première partie de cet ouvrage donne une définition de la mort et des ses états limites : la mort lors d’une tentative de réanimation, l’état végétatif chronique, la gestion des dépouilles. Les chapitres suivants traitent de la façon dont les soignants réagissent psychologiquement aux situations difficiles : la distanciation, y compris par l’humour noir, la relation au patient, le travail émotionnel. Comment gérer le soin des malades du cancer en fin de vie, ou la mort de jeunes adultes ?
En guise d’ouverture, la dernière contribution s’interroge sur « ce que soigner veut dire lorsque guérir est impossible », rejoignant la réflexion au cœur de La mort et le soin, présenté ici.
Hélène Biarnais bibliothécaire du diocèse de Gap et d'Embrun