Mgr Joseph Nasrallah et professeur Rachid Haddad, Histoire du mouvement littéraire de l’Église melchite du Ve au XIXe siècle : contribution à l’étude de la littérature arabe chrétienne, vol. I, période byzantine (451-634). – Damas, Beyrouth : Presses de l’Institut français du Proche-Orient, 2016, 254 p., 30 €
Nous sommes en présence du premier volume, et avant-dernier publié, de cette histoire du mouvement littéraire de l’Église melchite. Les volumes II, III et IV ont déjà été édités entre 1979 et 1996, le dernier est celui de l’index général qui permettra de parcourir les 15 siècles de cette histoire littéraire.
Les auteurs, dans une préface ébauchée dès 1975, présentent leur travail comme un jalon : « instrument qui devrait être développé, perfectionné par d’autres » (p 20). L’Église melchite est présentée dans l’introduction par Rachid Haddad. Elle est chalcédonienne, c’est-à-dire adhère au symbole défini lors du concile de 451. Elle se caractérise par son adaptation à son environnement, « utilisant le grec sous les Byzantins, l’arabe dans le monde musulman et les langues étrangères dans la diaspora d’Europe ou d’Amérique » (p 26).
La bibliographie (p 31-60) est remarquablement classée par type de documents et par lieux où ils se trouvent.
Une littérature en plusieurs langues
La langue syriaque, l’araméen, s’impose comme langue littéraire à partir du IIe siècle après Jésus-Christ. Parmi les premiers auteurs, saint Ephrem (dit également Ephrem de Nisibe ou Ephrem le Syriaque, vers 306-373) et Rabboula (mort en 436), ce dernier écrivait en syriaque et en grec (p 83-84). L’influence de l’arabe est marquée dès les premiers siècles de notre ère : les tribus arabes se convertissent au christianisme entre le IIIe et le IVe siècles provoquant une allégeance à l’autorité byzantine (p 86-87). Retenons aussi que « l’origine chrétienne de l’écriture arabe est communément admise » (p 87), l’arabe pouvant être utilisé dans la liturgie monastique selon Régis Blachère (p 87).
La littérature melchite est écrite notamment par des théologiens (p 99-124) dont Ephrem, patriarche d’Antioche (527-545), gardien de l’orthodoxie et opposant aux « monophysites qu’il surveillait même au-delà des limites de son patriarcat » (p 105).
L’exégèse (p 125-135) à cette époque est en recul. Parmi tous les noms cités retenons celui de Procope de Gaza « considéré comme le fondateur des Chaînes sur l’Écriture » (p 127). Bien entendu, des œuvres parvenues fragmentées aujourd’hui devaient être plus importantes comme pour Victor d’Antioche (mort après 510), évoqué page 129.
Les orateurs sacrés (p 133-140), les hagiographes (p 141-159) précèdent le long chapitre VIII sur « monachisme et spiritualité » (p 161-212) où les personnalités de saint Antoine pour l’anachorèse et l’érémitisme, et de saint Pacôme (vie communautaire et cénobitisme) marquent la vallée du Nil puis le Sinaï.
La liturgie est traitée au chapitre XII (p 228-233) et la littérature syriaque qui « a débuté, aux alentours du concile de Chalcédoine » de 451 (p 235).
Une écriture rendant accessible un sujet ardu
L’un des intérêts de cet ouvrage réside dans sa qualité d’écriture rendant accessible un sujet ardu à celui qui ne le connaît pas. Ce livre souligne l’apport littéraire, culturel, social et politique de l’Église melchite dans les siècles qui précèdent l’expansion de l’islam.
Luc-André Biarnais archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun
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