Pierre Blanc, Jean-Paul Chagnollaud, L’invention tragique du Moyen-Orient, Paris : Autrement, 2017, 155 p., [19 €].
Olivier Hanne, Les seuils du Moyen-Orient : histoire des frontières et des territoires de l’Antiquité à nos jours, Monaco : Éditions du Rocher, 2017, 539 p., [26 €].
Ce sont deux livres publiés au début de l’année 2017 qu’il est intéressant d’analyser aujourd’hui alors que la défaite territoriale de l’État islamique est consommée. À partir de cartes nombreuses, les auteurs s’interrogent sur la manière dont les États de cette région du monde se sont constitués.
Pierre Blanc et Jean-Paul Chagnollaud se fondent essentiellement sur « le tournant des années 1920 » et plus précisément des accords dits Sykes-Picot de 1916. Cependant, « la seconde partie [de l’ouvrage] s’inscrit sur une temporalité plus longue » (p 7).
Le temps long, justement, est celui qu’interroge Olivier Hanne sur la notion de frontière dans la région. En quatre points dans sa conclusion (p 457-469), il montre que l’idée de frontière comme zone limite qui avait court jusque dans les années 1960 a perduré dans les esprits au détriment de celle d’un tracé linéaire. Pour Olivier Hanne, s’appuyant sur Eberhard Kienle, « la garantie de la paix ne passe donc ni par un retour de l’État ni par un hypothétique redécoupage équitable, mais plutôt par un retour aux conceptions locales du pouvoir, celles d’avant 1918, lorsque plusieurs niveaux de fidélité politique étaient envisageables sur un même territoire pour une même population » (p 468).
Les bibliographies de ces deux ouvrages, très complètes surtout pour celui d’Olivier Hanne, contiennent de nombreuses références en commun.
Olivier Hanne est l’un des animateurs du blog geoculture.org. Il nous dit ici comment il est revenu à l’origine de l’instabilité des frontières :
Il nous explique également en quoi sa formation d’historien médiéviste l’a aidé pour ce livre :
Luc-André Biarnais archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun