François Bedin, Un loubard chez les curés, Amalthée, 2019, 231 p., 20 €.
Le père François Bedin est prêtre du diocèse de Gap, en ministère à Veynes, puis à Tallard. Ordonné prêtre à 35 ans, en 1990, et ayant maintenant près de trente années de ministère presbytéral, le père Bedin relit sa vie qu’il estime soutenue « par la main de la Providence » (p. 174). Il nous fait confidence ici de son parcours « de chez les loubards vers les curés ». Une enfance, dans la Sarthe, familialement assez difficile, une jeunesse lycéenne tâtonnante, puis des temps de galère à Paris et ailleurs, à la rue, des essais de travail ou d’entrée chez des religieux, la chance d’un emploi à Paris, à la librairie La Procure, et, là, le bonheur de se passionner pour les livres et la rencontre de penseurs (son amitié avec Claude Tresmontant). Dans la Communauté Saint-Jean, François trouve des chemins de vie spirituelle, pas seulement les écoles de spiritualité, mais la théologie mystique (p. 136) : un éblouissement durable. Prêtre dans le diocèse de Cahors, puis à Marseille, le père François Bedin est maintenant curé dans le diocèse de Gap.
Au fil d’un itinéraire atypique, l’auteur nous entraîne ainsi dans sa quête spirituelle, mystique, exigeante et rebondissante. Dans un langage à la fois direct et soigné, avec une franchise allant de l’humour à la vigueur critique, et avec fraternité, il nous plonge à la fois dans la vie de la rue, dans la chanson populaire, ou les recherches théologiques et philosophiques, et dans le monde des « curés ». Il nous dit son bonheur d’avoir découvert le sens de sa vocation profonde : « Toujours, j’ai cru et voulu que l’appel à l’Amour, à la beauté, au partage, à la bonté, à la tendresse, soit le moteur de ma vie » (p. 11). Il termine par ce souhait de croissance intérieure : « J’espère grandir dans l’Amour jusqu’à l’infini du Père. Ce sont mes frères et mes sœurs en humanité qui m’ont ouvert à ce mystère » (p. 228).
À travers ce récit autobiographique très vivant, le loubard devenu prêtre entend donner son « témoignage pour montrer la fidélité absolue de ‘Celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable Lumière’ (1 Pi. 2,9) ». Le lecteur trouve ici une expérience de vie concrète dans le contexte socio-culturel actuel, et un exemple de vocation presbytérale qui se veut témoignage de foi au Dieu Tout-Autre, de miséricorde, et de rencontre des autres.
Père Pierre Fournier diocèse de Gap et d'Embrun 1948 - 2021