Nathalie Becquart et al., C’est maintenant le temps favorable, cinq regards de femmes sur la crise, Paris : coéd. La Xavière et L’Emmanuel, 2020, 182 p., 16 €.
Le rude temps de la pandémie est ici perçu comme un « temps favorable, un kaïros » (p. 52, 174, voir Marc 1 : 15…). C’est un appel à la conversion, pour discerner les enjeux d’un présent si incertain et d’un avenir à construire ensemble. Sur un ton personnel, bien documenté et accessible, ces cinq femmes développent leurs perspectives avec un dynamisme communicatif à partir de leur expérience professionnelle et spirituelle, sur les bases de la Parole de Dieu, de la philosophie et de la théologie (de Thomas d’Aquin à Maurice Blondel, Vatican II, Étienne Grieu, Marion Muller-Colard…). Ce sont des religieuses de spiritualité ignatienne, des « xavières ». Les questions sont vives, comme pour Job. Avec Geneviève Comeau, investie dans le dialogue interreligieux et la formation de jeunes : où est Dieu en cette crise ? Issue de l’Île Maurice, enseignante, Odile Hardy renchérit : comment cette pandémie, rendant ce monde si « opaque » et « déstabilisé », peut-elle être un « temps favorable » ? Engagée en soins palliatifs, Agata Zielinski synthétise : en quoi y a-t-il une triple et bénéfique expérience, pour chacun, de vulnérabilité, de liberté, et de complexité ? Tchadienne, travaillant maintenant à Paris, au Centre de recherche et d’action sociale (CERAS), Noélie Djimadoumbaye poursuit : en quoi y a-t-il une sensibilisation plus percutante sur la crise écologique intégrale, mondialisée ? Riche en expérience auprès des jeunes, Nathalie Becquart explore les facettes de l’Église : n’est-ce pas l’occasion de percevoir les voies d’une Église en renouvellement, une Église-communion, liturgique et diaconale, plurielle, participative, synodale ? Avec Anne-Laure Gomas, ingénieure agronome, la conclusion est, bien sûr, une question : « Cette crise, une Pâque. Et après ? » Chemin faisant, bien des références, explicites ou implicites, rejoignent les documents du pape François, notamment son exhortation Chère Amazonie, et ses encycliques Laudato Si‘ et Fratelli Tutti.
À travers leurs précieux apports, ces cinq femmes expriment leurs chemins de vocation et de service concret dans leur profession ou leurs engagements solidaires. Une belle façon de souligner le centenaire de la création de leur congrégation des xavières (1921-2021, voir la préface de Christine Danel). Cet ouvrage, de cohérence collaborative réussie, ne peut qu’inciter le lecteur à approfondir sa propre lecture des troublants effets de la pandémie et son propre effort de prospective sur le monde à construire ensemble.