Alain Marchadour, Dieu de miséricorde : voyage au pays de la Bible, Montrouge : Bayard, 2016, 501 p., 21,90 €.
À l’occasion de l’année de la miséricorde, Alain Marchadour, bibliste, auteur de plusieurs ouvrages d’exégèse et d’une biographie de saint Paul, étudie la violence dans la Bible, comme une « force brutale physique, utilisée souvent injustement, parfois jusqu’au meurtre, contre un autre homme, ou contre un autre groupe social » (p. 7), et plus particulièrement la violence collective d’une communauté contre une autre.
Dans l’Ancien Testament, Dieu est perçu comme vengeur, jaloux, violent, à tel point que certains, comme Marcion (85-160), souhaitent que ces textes soient rejetés du canon biblique, accusant Dieu d’être la cause de la violence entre les hommes. Dans le Nouveau Testament, avec Jésus, c’est une figure d’amour et de miséricorde qui se découvre. À travers la Création, Caïn et Abel, Abraham et Isaac, Joseph, Moïse, Alain Marchadour montre comment la Révélation est progressivement comprise au fil des livres bibliques, pour atteindre son apogée en Jésus.
Cet ouvrage peut sembler très long au premier abord, puisqu’il compte plus de 500 pages. Toutefois, il est écrit dans un style simple et didactique, avec un plan où transparaît bien la progression de la pensée de l’auteur. Les encadrés, dont la liste est proposée en fin de volume, aident à approfondir les points les plus difficiles. La bibliographie est néanmoins un peu succincte pour un sujet aussi étendu, puisqu’elle ne comprend que seize titres, dont les deux plus récents datent de 2010. On peut regretter que les livres de René Girard, spécialiste des relations entre violence et sacré, décédé en 2015, ne soient pas cités.
Dieu de miséricorde est une approche originale de la miséricorde, mise en exergue par la violence, qui se démarque dans la production foisonnante sur ce sujet en cette année sainte.
Hélène Biarnais bibliothécaire du diocèse de Gap et d'Embrun