Don Paul Préaux, Les prêtres, don du Christ pour l’humanité, Perpignan : Artège, 2020, 241 p, 18,90 €.
Au jour de l’ordination diaconale de Frédéric Jory et de l’ordination presbytérale de Jean-Nestor Randrianantenaina, le sous-titre de cet ouvrage nous interpelle : Don du Christ pour l’humanité. L’ordination appelle au don total de soi-même, mais les conditions de la prêtrise sont aujourd’hui bien difficiles. Comment préserver le nécessaire élan missionnaire quand les ressources humaines se tarissent ? Comment former les jeunes qui offrent leur vie pour qu’ils puissent assurer et assumer leur service et avec quelle vision pastorale ?
Don Paul Préaux est le modérateur général de la communauté Saint-Martin, dont sont issus les prêtres qui seront en charge de la paroisse Saint-Arnoux du Gapençais à partir du mois de septembre. Cet ouvrage est une porte d’entrée intéressante pour mieux connaître nos futurs pasteurs, pour mieux les accueillir.
Recension du Père Pierre Fournier
Ce livre est issu des entretiens de Don Paul Préaux, responsable général (modérateur) de la Communauté Saint-Martin, avec Thierry Paillard. Celui-ci est ancien collaborateur à Gap de Mgr Jean-Michel di Falco Léandri. Il a réalisé diverses publications du diocèse de Gap, dont le suivi du mensuel Église dans les Hautes-Alpes.
La Communauté Saint-Martin est une association de prêtres fondée en 1976, basée à Evron en Mayenne, forte de cent séminaristes, et présente en 25 diocèses en France, Allemagne, Italie, et Cuba. Don Paul Préaux est titulaire d’un doctorat en théologie dogmatique sur le sacerdoce ministériel. Il met en relief ici « le style, la formation spécifique, et la façon particulière de vivre [leur] vie sacerdotale et diaconale en respectant les personnes et en donnant un esprit de famille à [leurs] paroisses » (p.108). Il livre ses réflexions sur le sacerdoce en temps de crise (sous-titre) : diminution du nombre de prêtres, apparent climat d’indifférence religieuse, évangélisation… D’abord, est présentée l’histoire de la Communauté, fondée par le père Jean-François Guérin, du diocèse de Tours, pour former des prêtres « consacrés (être) et missionnés (agir) », « dons du Père » pour l’humanité, pour évangéliser sans « hésiter ». L’intense vie communautaire soutient le désir de sainteté et la tâche pastorale.
La deuxième partie explique concrètement le parcours de formation vers l’ordination qui apporte la décisive transformation de l’être des nouveaux prêtres, transformation « ontologique » (p. 68, 118, 160, 193…). L’auteur développe les trois missions (munera) du prêtre : enseignement de la foi, sanctification des fidèles, responsabilité de la communauté paroissiale. En analysant avec précision le rôle du père dans la parabole du fils prodigue (Luc 15), l’accent est mis sur la capitale paternité du prêtre en ses trois missions.
La troisième partie est également concrète : sur la manière des prêtres et des diacres de Saint-Martin de s’intégrer dans la vie diocésaine et paroissiale. Est présent le souci de la « pleine et consciente participation des fidèles » dans la liturgie et la sobriété de vie quotidienne, ainsi que le service des pauvres, des démunis, comme l’a pratiqué saint Martin (p. 108).
Pour terminer, l’auteur souligne la mission du prêtre pour inciter les fidèles à avancer « en route vers la plénitude » du Royaume, en vrais « citoyens des Cieux ». Le prêtre signifie cet appel à la plénitude de l’être de chacun par son engagement, la fécondité du célibat sacerdotal, le service du Christ pauvre, pasteur et serviteur. Six annexes donnent des points de réflexion sur la vie de baptisés, sur le prêtre (la messe…), et des prières.
Chemin faisant, en citations développées, Don Préaux se réfère souvent aux conciles de Trente et Vatican II, aux papes (Jean-Paul II, Benoît XVI, François…). Tout en abordant les questions disputées (ordination des hommes « éprouvés », des femmes : p. 119 et suivantes), la souffrance due aux « combats idéologiques dans l’Église » (p. 108) et des limites possibles de la Communauté Saint-Martin, Don Préaux voit celle-ci comme « un laboratoire pour l’exercice renouvelé du ministère sacerdotal » au sein de l’Église universelle et des diocèses (p.109).
Pour tous, il est intéressant de connaître la manière « martinienne » d’être prêtre (p. 46) au moment où les évêques de France travaillent sur les modalités de la formation pour les séminaires (interdiocésains…) sur la base de nouvelles ratio (fundamentalis et nationalis).