Commission biblique pontificale, Qu’est-ce que l’homme ?, Paris : Le Cerf, 2020, 434 p., 25 €.
Sous le vaste titre Qu’est-ce que l’homme ?, avec la préface de son président le cardinal Luis Ladaria, la commission biblique pontificale (CBP), composée d’une vingtaine de biblistes des divers continents, publie « Un itinéraire d’anthropologie biblique » très fouillé et stimulant, traduit par Mgr Pierre Debergé, membre de la CBP. En raison des débats et les besoins actuels, cet important document biblique et doctrinal a été demandé par le pape François (p. 8). Il étudie la question anthropologique sur l’ensemble de la Bible, avec l’apport spécifique du Christ, à partir de la parole biblique fondamentale « Dieu les créa homme et femme, à son image ressemblante… » (Gn 1 : 27). Le document donne une réflexion qui aborde les questions actuelles : rapport homme/femme, être humain/animal, la société proche et large à construire vers la fraternité aussi nécessaire que délicate, l’urgence de l’écologie.
La première partie porte sur l’être humain, l’âdâm, fait de terre fragile, mais animé par le « souffle divin », et le Christ homme véritable, image de Dieu. La deuxième partie étudie l’âdâm disposé par Dieu « dans le jardin », ce qui concerne la juste nourriture, la finalité du travail, le statut des animaux créés « à l’aide de l’homme ». La troisième partie présente la « famille humaine » : l’amour entre l’homme et la femme, entre parents et enfants, et le difficile amour fraternel déchiré par l’esclavage et, au niveau international par les guerres, la promotion de la paix… La quatrième partie aborde l’être humain dans l’histoire : les commandements de Dieu au début de l’histoire d’Israël (les sages, les prophètes…), l’obéissance à Dieu et la transgression, l’intervention du Dieu miséricordieux, avec le Christ, à la rencontre des êtres pécheurs et le rayonnement du salut universel.
À chaque partie, les Psaumes sont analysés du fait de leur forte teneur anthropologique. De même, la réflexion porte sur la Torâh, sur les prophètes et les écrits pour aboutir à l’apport décisif du Christ témoin de la plénitude du Père et de l’Esprit, parfaite « Image ressemblante » de Dieu. Le texte est parsemé d’interrogations sur l’homme, la relation homme/femme, la sexualité, le mariage et « la complexité de situations concrètes » (p. 201), le rapport homme/animal, l’alimentation, les conflits ou guerres et les nécessaires médiations, le mal, le devenir du monde… Le terme d’« obéissance envers Dieu » est récurrent pour désigner le fondement anthropologique de l’écoute filiale et confiante envers le Dieu bienveillant, et le terme « promouvoir » pour souligner la vocation de l’humain à être libre et responsable, inventif, co-créateur de valeurs solidaires humanisantes vers la justice, l’amour, la fraternité, la paix. La notion de « personne » est également majeure, dans une visée personnaliste. Par exemple, l’éducation est définie comme une transmission de « la loi bénéfique de Dieu qui constitue un appel à la liberté authentique, en tant qu’elle indique à la personne le chemin de l’amour ». Au fond, « l’homme peut/doit être ‘comme Dieu’ dans la pratique de la justice » (p. 65). Au final, il est reconnu que l’être humain est un « mystère », ouvert à un « devenir prometteur… afin d’être transformé à l’image du Fils sous l’action de l’Esprit » (p. 427 et suivantes). L’écriture est à la fois sobre et claire, très riche en citations bibliques, références et renvois. Certes, un effort d’attention est requis sur la base d’une telle documentation, mais l’intérêt est d’autant plus fructueux. Au fil de cette étude approfondie, propice aussi à des recherches de groupes, le lecteur pourra se faire un index sur les thèmes qui lui paraissent les plus éclairants.
Père Pierre Fournier diocèse de Gap et d'Embrun 1948 - 2021