Michel Zink, L’humiliation, le Moyen Âge et nous, Paris : Albin Michel, 2017, 264 p., [20 €].
Le projet de l’ouvrage est précisé page 10 dans le prologue : « la civilisation médiévale, féodale et chevaleresque est, comme toute civilisation de ce type, une civilisation de l’honneur, qui redoute et abomine l’humiliation plus que tout. Mais sa religion, le christianisme, est une religion de l’humilité, dont la scène fondatrice, celle de la Passion du Christ et de sa mise en croix, est une scène d’humiliation ». Cette idée est reprise page 35 pour souligner que la civilisation chrétienne est celle de l’humilité, ce qui n’est pas le cas de l’Antiquité ou du monde germanique. L’Ancien Testament lui-même ne met l’humilité qu’en lien avec Dieu…
C’est donc une contradiction qu’étudie Michel Zink, par exemple dans La Chanson de Roland. Il lie l’humilité et son contraire, l’orgueil, avec l’humiliation. Cette dernière (p 208) « est produite par le regard de l’autre ». Il est parfois considéré (p 211) que l’acceptation de l’humiliation est une victoire sur le mal. Cela est aujourd’hui (p 212) en contradiction avec « la valorisation extrême d’un épanouissement personnel qui ne trouve de justification à aucun renoncement et encore moins à un quelconque abaissement ».
Luc-André Biarnais archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun