Philippe Joutard, La révocation de l’édit de Nantes ou les faiblesses d’un État, s.l. : Gallimard, 2018, 552 p., [9,40 €].
C’est une étude très classique que développe Philippe Joutard sur les conséquences de la révocation de l’édit de Nantes par celui de Fontainebleau en 1685. La lecture de la table des matières énonce bien les sujets : émigration spectaculaire des protestants, perte des pays alliés, création d’une résistance protestante dans le royaume même. La révocation est posée comme l’affaire du roi Louis XIV.
Le rôle de Sébastien Le Prestre de Vauban est évoqué dans les pages 252-259. Dès 1686, en Languedoc, il prend conscience de l’échec de la révocation à unifier le royaume. En effet, certains de ses collaborateurs, eux-mêmes huguenots, émigrent. Il constate également le refus de se convertir au catholicisme des femmes emprisonnées au Pont-Saint-Esprit (p 252-253). Selon Vauban, la révocation de l’édit de Nantes porte atteinte à la religion catholique en provoquant des sacrilèges. Cependant, les positions de Vauban n’ont peut-être jamais été portées à la connaissance du souverain, comme a pu le dire Stéphane Pérreon lors d’une conférence à Gap le 12 avril 2018 : LIEN
Le territoire des Hautes-Alpes est cité dans ce livre. À la page 58, « le rétablissement du catholicisme » et l’application de l’édit de Fontainebleau sont décrits comme se passant bien hormis des exceptions. Parmi elles, « la place de sûreté de Serres où autorités et habitants s’opposent d’abord à la célébration de la messe par l’évêque de Gap tant que les protestants n’auront pas la liberté du culte dans tout le Dauphiné ». La figure d’Étienne Clavière (Genève, 1735 – Paris, 1793), dont la famille est originaire de Serres est rappelée page 388. C’est également le cas de celle de Pierre Simond (Nyons, 1651 – 1713 ?), « ancien pasteur d’Embrun et fondateur de la colonie huguenote du Cap dans l’actuelle Afrique du Sud » (p 228).
Luc-André Biarnais archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun