Yves Chiron, Jean XXIII, Un pape inattendu, Paris, Tallandier, 2017, 459 p, 24,50 €].
Une biographie documentée
Jean XXIII est devenu pape à 76 ans et son pontificat a duré moins de cinq ans (1958-1963). Le cardinal Angelo Dell’Acqua, qui le connut en 1935, qualifie durant le procès en béatification le pape Jean XXIII de simple mais non naïf, d’intelligent et de malin (p 11).
Yves Chiron écrit ce livre en raison de sources nouvelles disponibles, certaines éditées récemment. Il faut ranger là les textes de la procédure en canonisation entre 1965 et 2000. Yves Chiron a également consulté les archives de l’ambassade de France près le Saint-Siège, conservées au centre des archives diplomatiques de Nantes et qui sont d’une grande richesse.
L’ouvrage, véritablement documenté, compte 459 pages dont une table des abréviations (p 389), des notes (p 391-426), des listes bibliographiques et de sources (p 427-443) et un index. Cependant, quelques défauts transparaissent : Pourquoi Mgr Auguste Grimault, vicaire apostolique de Dakar jusqu’en 1946 devient-il Mgr Grimaud ? Sa fiche ici donne tous les renseignements voulus ainsi que la page 786 du Dictionnaire des évêques de France au XXe siècle (Le Cerf, 2010). Le lecteur doit recomposer les cinq dernières phrases pour mieux comprendre la fin de l’ultime paragraphe de la page 201. Page 204, le mot « congréation » doit être remplacé par « congrégation ». Enfin, page 387, peut-être faut-il lire « tous leurs écrits » pour « tous les leurs écrits » ?
Un nonce dans les affaires françaises
Angelo Roncalli a été nonce apostolique en France de 1944 à 1953. Ses voyages à l’intérieur du pays sont étudiés pages 205-208. Ils ont suscité les craintes de certains évêques jaloux de leur autorité, l’inquiétude de Rome face à l’absentéisme du nonce à Paris et les observations du ministère français des Affaires étrangères envers le représentant d’un État soumis aux règles diplomatiques.
Dans la question de la défense de l’école libre en France (p 208-214), Yves Chiron souligne que le nonce n’assiste pas aux réunions de l’assemblée des cardinaux et archevêques (ACA). Malgré cela, dès 1947, Mgr Roncalli s’inquiète de la baisse de la pratique religieuse, de l’insuffisance du clergé et de la diffusion du laïcisme et du communisme (p 213).
Yves Chiron place le rôle du nonce dans les grands dossiers de cette époque. Il s’agit de la sanction contre les jésuites de Lyon (p 213), la question des prêtres-ouvriers pour laquelle il « n’a ni retardé ni préparé la ‘condamnation’ de 1953-1954 » (p 218).
Le pape de Vatican II
Le concile qui « ne s’est ouvert que trois ans et neuf mois après qu’il eut été annoncé » (p 292) est traité dans les pages 275 à 351. La question de la liturgie est abordée dans les pages 341-345. Jean XXIII distingue deux groupes, les pères conciliaires n’étant « jamais sortis de chez eux » et « ceux qui résident dans d’autres pays, spécialement en terre missionnaire » et il préconise « des pas lents et par étape » sur le « latin dans la liturgie ».
Yves Chiron, pages 349-350, souligne l’importance de la lettre Miserabilis ille (1963). Le livre s’achève sur la canonisation des saints Jean XXIII et Jean-Paul II le 27 avril 2014 par le pape François en présence du pape émérite Benoît XVI.
Les autres livres autour de Jean XXIII à la médiathèque Mgr Depéry.
Luc-André Biarnais archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun