Martin Carbajo Nunez, Tout est lié, écologie intégrale et communication à l’ère numérique, Paris : Médiaspaul, 2021, 215 p., 19 €.
Le franciscain espagnol Martin Carbajo Nunez met ici en œuvre toute la spiritualité de son ordre et sa culture en théologie morale et en sciences de la communication sociale et de l’informatique de gestion. Universitaire, il prolonge la réflexion de son livre Notre sœur Mère Terre (Médiaspaul, 2020). Le sous-titre explique bien l’enjeu de la réflexion sur la communication à l’ère numérique en relation avec l’« écologie intégrale » développée par le pape François. L’encyclique Laudato Si‘ (LS) est rythmée par la formule : « Tout est lié ». De ce fait, Martin Nunez avive « la préoccupation de l’environnement unie à un amour sincère entre les êtres humains » (LS 91). La technologie a engendré « une formidable interconnexion au niveau mondial ». Le paradoxe est d’être pris dans la crise socio-environnementale ambiante : « plus connectés, mais plus seuls ». L’auteur s’emploie à approfondir les exigences de l’écologie intégrale et de la communication numérique, « entre le réseau de la vie et la vie en réseau ». Il mène son étude sur les quatre niveaux anthropologiques et spirituels indiqués par le pape François : « au niveau interne avec soi-même, au niveau solidaire avec les autres, au niveau naturel avec tous les êtres vivants, au niveau spirituel avec Dieu » (LS 210).
Martin Nunez se fait concret et interpelle chacun dans la responsabilité. Il aborde aussi l’aspect pastoral des sacrements : l’eucharistie haut-lieu de célébration du Créateur et la communication vers le partage fraternel, et le sacrement de la pénitence et la réconciliation. L’auteur tient à proposer de développer les enjeux de l’écologie intégrale dans les célébrations pénitentielles communautaires et la confession individuelle (p. 127-135). Par ailleurs, en utilisant les données fondamentales de l’anthropologie, l’auteur souhaite aussi toucher les agnostiques et les athées.
L’auteur évoque la source : la communication trinitaire avant le Création. Il se réfère, certes, à la creatio ex nihilo (p. 78), là où Vatican II a apporté la féconde notion de creatio ab amore, la « Création à partir de l’Amour divin » (Gaudium et spes). Une riche bibliographie (magistère, sciences de la communication, sources franciscaines) incitera le lecteur à continuer la recherche. Ce livre élargit bien notre regard sur le monde avec les nouvelles technologies des médias. Il va au fondement chrétien de la communication pour construire ensemble un « paradigme relationnel », un véritable réseau de vie fraternelle.