Une nouvelle Terre

Dominique Bourg, Une nouvelle Terre, Paris : DDB, 2018, 238 p., 17 €. 

Ce livre « pour une autre relation au monde » nous est proposé par Dominique Bourg, philosophe, président du conseil scientifique de l’ex-fondation Hulot, et enseignant à la faculté des géosciences et de l’environnement de Lausanne. Il a déjà publié Vers une démocratie écologique (avec Kerry Whiteside, 2010), le Dictionnaire de la pensée écologique (avec Aurélien Papaux, 2015), ainsi que divers autres ouvrages sur l’urgence écologique pour l’humanité et pour chacun. Il est intervenu à la rencontre nationale des délégués diocésains à l’écologie à Saint-Étienne (Loire) en 2015.

Ici, l’auteur procède en six étapes. D’abord, les changements de nos modes d’habitation et de conception de la Terre. Puis la réflexion sur « les dommages transcendentaux » qui pèsent sur « le déploiement des sociétés humaines, et sur l’existence de chacun de nous » (p. 62). Ensuite, la présentation de « la spiritualité, la nature, et la société ». Ces points sont prolongés dans « Esprit, Terre et spiritualité », où est proposé un « monisme réflexif » pour bien lier la pensée et la Terre, la spiritualité et le pluralisme. Pour cela, Dominique Bourg s’appuie sur la pensée du père Stanislas Breton, philosophe théologien, en son ouvrage Unicité et monothéisme. Vient alors le constat sur « la modernité à bout de souffle ». De quoi appeler « vers une société plus respectueuse du donné naturel ». Cet appel est à concrétiser dans l’éthique, le droit, les sciences et les techniques, les spiritualités de demain. L’enjeu est la « re-spiritualisation du monde » au sens de la quête de l’être et au sens de « l’accomplissement de la destinée humaine et des fins ultimes » (p. 230). Cette époque est celle des « tâtonnements », du pluralisme spirituel, des expressions laïques, de la tentative transhumaniste, de l’évangélisme nord-américain et de sa réplique, l’islam d’Erdogan et de l’AKP. Au cœur de ces réalités, « la tradition chrétienne semble devoir continuer à peser et à receler quelques clés pour les enfantements spirituels à l’œuvre » (p. 233).

Nous remarquons l’attention de l’auteur envers la force de l’encyclique Laudato Si’ (2015) du pape François en contexte de la « dé-spiritualisation moderne ». Dominique Bourg souligne l’intérêt de l’interprétation de La Genèse par le pape : Dieu confie la Terre à l’humanité pour qu’il la « garde », la « cultive », la « serve » (p. 107). Et « l’espèce humaine est faite de la même étoffe que les autres espèces », dans une attitude franciscaine. Le péché est la « posture despotique » envers les dons de la Création (p. 109). L’auteur se félicite de voir le pape condamner « la culture du déchet » et le « paradigme technoscientifique », en appelant à une radicale conversion vers le paradigme d’une « écologie intégrale » liant « le cri de la terre et le cri des pauvres ».

Dominique Bourg termine son ouvrage en citant Bergson, déjà en 1932 : « L’humanité gémit à demi-écrasée par les progrès qu’elle a faits ». De quoi désirer avec lui « à nouveau, la simplicité de la vie » (p. 233). Ce livre, à la fois accessible, documenté et stimulant, répond bien à son titre pour vivre Une nouvelle Terre, avec bonheur, pour les générations à venir.


Père Pierre Fournier
diocèse de Gap et d'Embrun
1948 - 2021

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