Pape François, Chère Amazonie, Paris : Bayard-Cerf-Mame, 2020, 90 p., 4 €.
Le Pape François exprime ici ses « quatre grands rêves » en s’adressant « au Peuple de Dieu et à toutes les personnes de bonne volonté ». Suite au synode d’octobre sur l’Amazonie, le pape François publie ainsi sa chaleureuse exhortation : Chère Amazonie… Querida Amazonia (en librairie et sur internet). Sur la planète, la vaste Amazonie est un joyau de richesses diverses, humaines et naturelles, en biodiversité. Elle couvre neuf pays d’Amérique Latine, du Brésil à la Guyane française (§ 5). Hélas, ses populations, souvent « en grande mobilité interne », souffrent de pratiques sociales injustes ; ses forêts et ses autres ressources sont mises à mal… Alors, « humblement », en rappelant son encyclique Laudato Si‘ sur l’ « écologie intégrale », le pape nous livre ses « rêves ». Son « rêve social » : sa soif de « justice pour les plus pauvres, les autochtones, et pour la terre, pour un partage équitable de ses fruits ». Face à « l’extermination », à « la mort lente », il s’adresse à tous pour une responsabilisation efficace en justice, en solidarité, en fraternité. Puis « un rêve culturel » pour que « la beauté humaine amazonienne brille de diverses manières » (traditions indigènes, cultures spécifiques, langues, valeurs). « Un rêve écologique » aussi : l’éducation pour la préservation de l’eau, des forêts, et autres ressources naturelles. Dans son « rêve ecclésial » pour une « Église aux visages amazoniens » (§ 94), le pape convie les chrétiens à faire fructifier l’Évangile du Christ et la force de l’Esprit Saint, à soutenir les vocations de laïcs, de personnes consacrées, de diacres et de prêtres, pour le service, à la fois, des pauvres et de la Création. Il encourage les baptisés, notamment les femmes si actives, au rayonnement de la Parole de Dieu en pratiquant une dynamique « inculturation sociale et spirituelle, théologique et liturgique (eucharistie et autres sacrements), ministérielle » (§ 85-90). Ce faisant, le pape François appelle à vivre « une identité amazonienne profonde, solide et riche », tout en développant le dialogue œcuménique et interreligieux. « Ainsi pourront naître des témoins de sainteté au visage amazonien, une sainteté de don de soi, de contemplation, de sobriété joyeuse et de lutte pour la justice, appelée à interpeller l’Église universelle » (§ 77).
À la fin, le pape demande l’intercession de la Vierge Marie, « Mère de la vie » pour que « son Fils resplendisse en chacun pour la gloire du Père ». Les soixante-six notes de l’exhortation montrent comment le pape s’appuie sur le Document de conclusion du synode, sur l’enseignement social de l’Église de Léon XIII à Benoît XVI et à sa propre encyclique Laudato Si‘, sur les publications de l’épiscopat latino-américain (Aparecida…), sur les auteurs concernant l’Amazonie (observateurs, poètes…), sur les théologiens (Thomas d’Aquin…). De quoi, avec le Pape François, (re)découvrir « la merveille de l’Amazonie » (§ 111) et les enjeux, pour tous, de cette exhortation.
Père Pierre Fournier diocèse de Gap et d'Embrun 1948 - 2021