Le Bulletin de la Société d’Études des Hautes-Alpes de 2016

La nouvelle livraison du Bulletin de la Société d’Études, parue à la fin de 2016, voit la publication de quatre articles d’histoire religieuse. Deux concernent l’époque moderne, un le moyen âge, alors que le dernier est consacré à l’époque contemporaine. Le tout comptabilise 62 pages sur 237 que compte ce Bulletin.

Un article ultime

Dans son dernier article déposé avant son décès, Arlette Playoust prolonge ses études précédentes sur l’ordre de Cluny. Dans « L’ordre de Cluny dans les Baronnies », elle montre le rôle pivot du prieuré de Lagrand, rattaché à Cluny en 1365, dont dépendent six maisons monastiques. L’indépendance des établissements clunisiens par rapport aux diocèses en général, ici au nombre de quatre pour la zone étudiée, est soulignée par l’auteur.

Louis Court à Briançon

Le travail du docteur Jean-Pierre Rouge est intitulé « un mécénat oublié jusqu’alors à Briançon : le tableau du Saint-Esprit de la Collégiale par Louis Court » présente plusieurs intérêts :

  • Sur le fond, le docteur Rouge présente avec précision le contexte de la réalisation en 1719 de La Pentecôte par Louis Court (1670-1733). Le rôle de la confrérie est souligné comme jamais cela ne l’avait été dans cet acte d’évergétisme plus que de mécénat.

  • Le docteur Rouge utilise des sources provenant de la confrérie et « entre les mains de l’auteur » qui les a récemment découvertes. Faut-il rappeler ici que les confréries sont, aux yeux de la loi, des associations et qu’elles peuvent donc verser leurs archives à l’institution de leur choix ? Pour l’Église, les confréries sont des mouvements placés sous l’autorité du curé et de l’évêque depuis leur fondation même : de telles sources ne doivent donc pas se trouver durablement entre les mains de particuliers.

  • Du point de vue de l’historiographie, le docteur Rouge conclut sur un affaiblissement des confréries au XVIIIe siècle dû à la concurrence des loges maçonniques. Or, les confréries sont des institutions pieuses dont beaucoup ont traversé les siècles jusqu’à l’éclosion de l’action catholique. Certaines, mêmes, poursuivent aujourd’hui leurs activités ; enfin, d’autres sont parfois créées. Durant la Révolution française, dans la partie « nord » du département, des confréries se sont réunies sans cesser leurs actions. La lecture de Marie-Hélène Froeschlé-Chopard (Dieu pour tous et Dieu pour soi : histoire des confréries et de leurs images à l’époque moderne, L’Harmattan, 2006, 401 p.) ou de Marie-Claude Léonelli (Oppède (Vaucluse, canton Bonnieux, arrondissement Apt), in La Sauvegarde de l’Art français : aide aux églises rurales, cahier 25, Paris, 2015, p 101-104), est sur ce point éclairante.

  • Enfin, la bibliographie oublie au moins deux références plaçant l’œuvre de Louis Court dans son espace dauphinois et plus largement du sud-est de la France. La première est l’article d’Olivier Hanne et Philippe Franceschetti dans le Bulletin de la Société d’Etudes des Hautes-Alpes de 2015 (« Un saint pour Gap : Arnoux et son culte, XIe – XXe siècle », p 47-62) qui, lui-même, cite l’ouvrage numérique Sur les pas de Louis Court (Éditions du Laus, 2014), également présenté page 233 dans l’édition de ce bulletin en 2015. Ces références, toutes deux plus récentes que les ouvrages cités par le docteur Rouge, montrent que l’étude qu’il a menée, pour originale et importante qu’elle soit, s’inscrit dans le renouvellement de la recherche en histoire locale de l’art.

La lumière sur le vitrail contemporain dans le Queyras

Jean-Gérard Lapacherie offre 23 pages illustrées par des photographies de qualité sur « les vitraux des églises du Queyras ». Il étudie la présence des vitraux placés dans les édifices entre 1842 et 2006. Ces installations succèdent au « renouveau de la ‘piété’ et le ‘mouvement vers la dévotion’ » dans les années 1820. Cette décennie est celle de la constitution de l’actuel diocèse de Gap. Jean-Gérard Lapacherie montre que le Queyras s’inscrit dans un ensemble chrétien plus large, « le renouveau du vitrail se fait dans les années 1830-40 dans le cadre de la découverte exaltée de l’art gothique ».

Les fabricants des vitraux queyrassins sont presque tous connus. Notons, parmi ceux-ci, les ateliers Bessac qui ont également travaillé en d’autres lieux du diocèse plus tardivement.

Cet article est l’occasion de souhaiter que les archives des paroisses du Queyras soient rapidement regroupées pour qu’en soit établi les instruments de recherche complets qui les rendraient accessibles à l’étude.

Luc-André Biarnais
archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun

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