L’Église et la société

Mgr Éric de Moulins-Beaufort, Le matin, sème ton grain : lettre en réponse à l’invitation du Président de la République, Montrouge, Paris : Bayard, Mame, Cerf, 2020, 64 p., 5 €.

Sous un titre biblique (Eccl. 11 : 6), le président de la Conférence des évêques de France (CEF), avec son Conseil permanent, répond à l’invitation du président de la République aux responsables des cultes « partager leurs réflexions nationales sur la crise sanitaire » et les enjeux pour l’avenir avec lui. Mgr Éric de Moulins-Beaufort se rappelle aussi qu’aux Bernardins, en 2018, Emmanuel Macron avait incité les catholiques à « faire trois dons à la République : votre sagesse, votre engagement, et votre liberté ».

De ce fait, par souci du bien commun, le président de la CEF adresse au président Emmanuel Macron sa réflexion en quatre thèmes-clés : mémoire, corps, liberté, hospitalité, dans un contexte de laïcité et de démocratie. Sur le confinement, il fait une lecture spirituelle : un « temps suspendu », libérateur de « l’accélération constante du temps », mais témoin aussi de souffrances : deuils, isolements… et solidarités, service des soignants… Concernant l’autorisation des rassemblements cultuels, au chapitre « Liberté », l’auteur assure l’État du comportement responsable des fidèles, ces citoyens. Cette lettre insiste surtout sur le monde de l’après-covid 19. « Pour être utile au pays et à l’humanité entière », elle offre une contribution à la réflexion politique et philosophique. Mgr de Moulins-Beaufort suggère « un rêve, un dimanche ‘confiné’ par mois :vrai repos des personnes, des villes, de la terre ». C’est aussi l’appel à des investissements en vue d’un logement (une « demeure ») digne pour chacun, à l’accueil de migrants… C’est encore l’occasion pour le président des évêques de situer l’Église catholique envers le principe de laïcité, et de plaider pour « l’hospitalité comme modèle des relations humaines à l’échelle individuelle et collective », gage de vrai « progrès humain », dans le sens du « don de soi et de service des autres » pour le bien de la planète, « la maison commune ». La responsabilisation de chacun est activement requise aujourd’hui pour bâtir ensemble le monde de demain selon une détermination d’écologie intégrale.

Riche d’une expression dense et accessible, cette Lettre fournit à chacun et aux groupes une excellente base de travail. Désormais, elle fait partie de l’enseignement social de l’Église dans son rapport à l’État, à la population de la nation, au moment où le pape François appelle à une « Année Laudato Si’ » pour une conversion à « l’écologie intégrale » envers la terre et les pauvres.     


Père Pierre Fournier
diocèse de Gap et d'Embrun
1948 - 2021

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