Couv. Une bible

Une Bible, illustrée par une gapençaise

Philippe Lechermeier, Rébecca Dautremer, Une bible, Paris, éditions Gautier – Languereau, 2014, 392 pages.

Au premier abord, on est surpris par l’illustration de la couverture : mais quel est donc cet homme-oiseau mécanique à l’air si mélancolique ? Puis, en feuilletant le livre, on est tout de suite happé par la force des illustrations. Certaines ne sont qu’un trait sur la page, d’autres une explosion de couleurs.
Présenté comme une bible (sans majuscule) « comme un roman », n’étant ni un livre pour enfant, ni un livre religieux, cet ouvrage interpelle. Le texte a été entièrement ré-écrit par Philippe Lechermeier pour en faire un pur objet de transmission culturelle, sans aucun propos religieux. Pour cela, il utilise la prose comme la poésie ou la dramaturgie. 

Une Bible « comme un roman »

Certains épisodes semblent parfois complètement détachés du récit qu’en fait la Bible, surtout dans le Nouveau Testament. Difficile de reconnaître le Jésus de notre foi dans cet homme qui s’avance vers la femme adultère en sortant « de sa besace la pierre qu’il avait achetée aux enfants » et qui « comme s’il s’apprêtait à la lancer, […] la fit sauter plusieurs fois dans sa main ». Et pourtant… N’y a-t-il pas un intérêt à présenter ainsi Jésus, dans des attitudes qui parlent au lecteur ?
D’autant plus que le texte est littéralement porté par les illustrations. Ce même épisode est accompagné du portrait d’une femme, de dos, coiffée d’un chignon, et du dessin d’une pierre posée au sol. Deux motifs très simples, d’une grande puissance évocatrice. Et que dire des tentations de Jésus au désert ? Cet homme vêtu de cuir, accroché à deux rochers qui semblent venir de se séparer. Allusion directe directe à ce que fait le Diable : il divise.
Bien que les deux concepteurs de cet ouvrage s’en défendent, il y a quand même quelque chose de notre foi qui transparaît dans cette oeuvre. Peut-être est-ce simplement ce que la Bible a d’universel…
Cet ouvrage présente un double intérêt : pour les non-croyants, cela peut être une première approche des épisodes de la Bible, d’accès beaucoup plus facile qu’une TOB ou qu’une Bible de Jérusalem. Pour les croyants, cela amène un éclairage différent sur des récits que nous connaissons bien. 


Hélène Biarnais
bibliothécaire du diocèse de Gap et d'Embrun

One comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *