Carine Beaufils, J’ai oublié le titre ! Mémoires d’une animatrice en EHPAD Alzheimer, préface de Michèle Delaunay, coll. L’âge et la vie, prendre soin des personnes âgées… et des autres, Toulouse : Érès, 2014, 156 p., 10 €.
Après une première partie de carrière dans la banque et dans le monde de la finance, Carine Beaufils devient animatrice en EHPAD, auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer et de troubles similaires. Elle qui avait « peur des vieux » découvre alors toutes les richesses que peuvent encore receler ces personnes, mais aussi toutes les difficultés qui font le quotidien de l’équipe soignante et des familles.
Dans sa préface, Michèle Delaunay, alors ministre déléguée en charge des personnes âgées et de l’autonomie, présente cet ouvrage comme un « témoignage indemne de voyeurisme et de misérabilisme, qui aborde, avec justesse et souvent humour, le thème de l' »animation » face à la perte cognitive, et plus encore, la question du respect de l' »être » jusqu’au bout du chemin » (p. 11).
L’importance de la qualité de la relation dans l’accompagnement des malades d’Alzheimer
À travers une riche galerie de portraits, elle fait surgir les thèmes importants dans l’accompagnement et l’animation en EHPAD : les relations entre patients, où l’un exerce parfois une certaine domination sur l’autre, les résurgences de l’ancienne vie et de l’ancienne personnalité du malade, les relations entre les familles et les soignants, ainsi qu’avec le parent qui n’est plus tout à fait lui-même, les relations au sein du personnel, le désarroi de la personne malade face aux conséquences de l’Alzheimer.
Avec beaucoup de délicatesse, elle montre que si aucun traitement médical ne peut guérir cette maladie, l’animation tient une part importante pour en retarder la progression : « le maintien des capacités cognitives du patient tient dans l’attention qu’on lui offre, le temps de conversation qu’on prend avec lui, les activités qu’on lui fait faire, bref : partager du plaisir » (p.48). Elle insiste aussi sur la qualité principale d’un animateur : « J’étais encore persuadée qu’il était indispensable à une animatrice d’être une professionnelle aguerrie en peinture, sculpture, chant, danse, alors qu’en réalité, la première compétence demandée est simplement d’avoir envie. Envie d’être là, envie d’être ensemble et de partager. »
Carine Beaufils a été interviewée le 9 juin 2014 par France Inter. Vous pouvez retrouver son ouvrage sur le site de l’éditeur, Erès.
Hélène Biarnais bibliothécaire du diocèse de Gap et d'Embrun
One comment