À l’Orient, quoi de nouveau ?

René Guitton, Dictionnaire amoureux de l’Orient, Paris, Plon, 2016, 710 p, 25 €.

Une princesse aux allures de marâtre ?

Avec son Dictionnaire amoureux de l’Orient, René Guitton nous offre sur cette région du monde un regard particulièrement différent de celui que l’actualité nous propose habituellement, même s’il se porte sur « la belle princesse de nos rêves [qui] peut parfois prendre la forme d’une marâtre aux traits durs et impitoyables » (p 19). L’ouvrage commence par une carte (p 9) puis une chronologie bienvenues (p 11-14).

L’origine des monothéismes

Abd el-Kader est présenté pages 33-36 sous son aspect d’habitant de Damas, à partir de 1852, après sa défaite en Algérie (1843). Le disciple d’Ibn Arabi est intervenu en 1860 pour protéger les chrétiens durant les massacres inter confessionnels qui frappent alors le Mont Liban et Damas.

René Guitton rappelle « l’inestimable symbole que représente Abraham (p 47-52) pour les juifs, chrétiens et musulmans. De plus, toutes les parties de l’Orient sont traitées, comme la Palestine « pays réel… mais État virtuel » (p 569) et Israël (p 380-383) ainsi qu’Abou Dhabi (p 37-41) et l’Iran (p 364-367). L’importance des fleuves est soulignée : l’Euphrate et le Tigre (p 283-286) qui, pour les Anciens « prenaient leur source dans les jardins flamboyants de l’Eden », sujet traité par Jean Delumeau dans son Histoire du Paradis. Le Nil (p 522-525) est, lui, présenté comme « la colonne vertébrale des pays qu’il traverse ».

Toutes les époques apparaissent, notamment « l’actualité récente » autour du Kurdistan : « territoire mythique avec un peuple morcelé, apatride […] une nation sans État ».

Des regards littéraires, une somme de connaissance

Le regard de l’Occident, singulièrement français ici, sur l’Orient, est évidemment rappelé avec François René de Châteaubriant (p 173-176)) et Gérard de Nerval (p 519-522). La littérature orientale est, elle-même, une liaison transversale de plusieurs articles et le sujet de « penseurs, poètes, conteurs et autres gens de lettres » (p 579-583).

Chaque article est une porte d’entrée sur un sujet. Le livre lui-même est une somme de connaissance qu’il est intéressant de croiser avec d’autres, comme le Dictionnaire amoureux de la Bible de Didier Decoin.

 

Luc-André Biarnais
archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun

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