Marie Madeleine, la passion révélée, catalogue d’exposition, IAC Éditions d’Art, 220 p., 25 €.
Marie Madeleine est sans équivalent dans le christianisme : pécheresse repentie, disciple de Jésus, elle est la première à voir le Christ ressuscité, avant d’évangéliser la Provence. Elle est présente lors des grands événements de la vie du Christ : la résurrection de Lazare, la crucifixion, la résurrection. Elle tient une place comparable à celle des apôtres.
Le personnage dépeint par la tradition et les peintres est la synthèse de plusieurs femmes citées dans le Nouveau Testament : la pécheresse qui verse le parfum sur la tête de Jésus et l’essuie avec ses cheveux, Marie de Béthanie sœur de Marthe et de Lazare, Marie de Magdala, que Jésus a délivrée de sept démons. Cette confusion, instaurée par le Pape Grégoire le Grand, est réfutée par l’Église catholique depuis le concile Vatican II.
La première exposition sur ce thème en France
L’exposition Marie Madeleine, la passion révélée lui est entièrement consacrée, avec plus de 130 œuvres la représentant. Elle est visible au Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse jusqu’au 5 février, puis au Musée des Beaux-Arts de Carcassonne du 24 février au 24 mai, et au Musée de la Chartreuse de Douai du 17 juin au 24 septembre 2017. Elle réunit en un même ensemble des tableaux qui appartiennent à des particuliers, des musées français et européens, publics ou privés. Plusieurs toiles de maîtres sont ainsi exceptionnellement visibles par le public français.
« Les trois lieux accueillent en effet autour d’un large tronc commun des œuvres parfois différentes, présentées dans des muséographies spécifiques adaptées à des espaces par nature différents, mais dont la présentation suit une répartition thématique unique » (p.13). Chacun des musées a eu une grande part à sa réalisation, comme en témoignent les remerciements et les préfaces.
Le catalogue est d’une rare qualité, d’autant plus qu’il est vendu à un prix très raisonnable (25 €). Non seulement les reproductions sont très belles, de grande taille pour beaucoup, mais l’analyse qui sous-tend la présentation est très enrichissante pour l’historiographie de ce thème. La structure thématique est d’une grande clarté.
Les dix-sept auteurs sont des experts confirmés en histoire de l’art, conservateurs du patrimoine et bibliothécaires pour la plupart, mais place est aussi faite à des contributeurs plus novices, puisque trois d’entre eux sont étudiants. Les index, comme la bibliographie, sont détaillés et complets.
Une sainte aux multiples visages
« Pour évoquer cette femme plurielle, l’exposition se veut à la fois une et multiple » (p. 12).
Le catalogue s’ouvre sur quatre essais qui campent le personnage de Marie Madeleine dans ses diverses facettes. « Marie Madeleine, petite histoire d’une grande figure » par Isabelle Renaud-Chamska, professeur agrégée de lettres, revient sur son image dans les évangiles, dans la Légende dorée et dans la tradition. « De la courtisane à l’ermite de la Sainte-Baume, une approche iconographique de Marie Madeleine », par Marie-Paule Botte, commissaire pour le musée de Douai, étudie l’évolution de ses représentations au fil des siècles, dans les scènes où elle est seule comme dans les scènes issues des évangiles. Magali Briat-Philippe, commissaire pour le Monastère royal, traite de « La dévotion de la maison de Bourgogne et de Marguerite d’Autriche pour Marie Madeleine », qui est le prétexte original pour cette exposition. Enfin, Pierre-Gilles Girault, administrateur du Monastère royal et auteur de Un langage sans parole, l’image au Moyen âge publié par l’Abbaye de Noirlac en 1992, aborde le sujet plus connu de l’érotisation du personnage de Marie Madeleine à partir du XVe siècle.
Les notes de bas de pages témoignent du sérieux des références consultées, que ce soit dans le domaine de l’histoire de l’art ou de l’exégèse. Les évangiles sont abondamment cités, et bien remis dans leur contexte.
Le choix des œuvres puise son intérêt dans leur variété. Les commissaires n’ont pas hésité à sélectionner des images contemporaines pour montrer la permanence de ce thème, lui consacrant même un pan entier de l’exposition, intitulé « Marie Madeleine au XXe siècle ».
« L’exposition et ces pages ambitionnent […] de révéler au lecteur et au visiteur la triple passion de Marie Madeleine : la Passion du Christ dont elle fut le témoin privilégié, la passion amoureuse qu’elle vécut dans les désordres comme dans l’ascèse, mais aussi la passion jamais démentie que les artistes lui vouent depuis le XIIe siècle » (p.13). Même si nous aurions aimé, pour notre part, que l’évangélisation de la Provence soit plus amplement présentée, cet ouvrage vient considérablement enrichir la bibliographie disponible sur Marie Madeleine.
En pratique
Exposition Marie Madeleine, la passion révélée, visible au Monastère royal de Bourg-en-Bresse jusqu’au 5 février, puis au Musée des Beaux-Arts de Carcassonne du 24 février au 24 mai, et au Musée de la Chartreuse de Douai du 17 juin au 24 septembre 2017.
Catalogue en vente en librairie et dans les musées, au prix de 25 €.
Hélène Biarnais bibliothécaire du diocèse de Gap et d'Embrun
Bravo à Hélène BIARNAIS pour sa solide présentation de « Marie-Madeleine » : la Passion révélée … son analyse est nette, précise et remet bien les choses à leur vraie place.
Merci encore avec l’amical souvenir de : Dominique LAFITTE