Une évangélisation selon la géopolitique des pauvres

Constance Colonna-Cesari, Dans les secrets de la diplomatie vaticane, Paris, Le Seuil, 2016, 396 p, 23 €.

Auteur de trois ouvrages déjà sur des sujets approchants, dont une biographie de Benoît XVI en 2005, Constance Colonna-Cesari, nous offre une étude sur la diplomatie du Pape François. Elle nous en présente les hommes et les outils (p 24-30). Elle montre ce que celle-ci peut représenter comme continuité notamment avec la nonciature apostolique près l’Union européenne (p 196-198) ou l’action de la conférence épiscopale congolaise auprès des pouvoirs du maréchal Mobutu et des présidents Kabila père et fils. Il faut rappeler, une fois encore pour bien comprendre la situation de ce pays, que le Congo ne s’est nommé Zaïre que de 1971 à 1997 (p 358-359).

Bien entendu, l’auteur évoque la renonciation au trône de saint Pierre par Benoît XVI et les raisons de celle-ci (p 71-78 notamment). Philippe Levillain a déjà traité ce sujet avec La Papauté foudroyée.

Malheureusement, l’ouvrage de Constance Colonna-Cesari souffre d’erreurs formelles, notamment dans les noms des personnes et des toponymes. L’ancien Premier ministre français se nomme Manuel Valls (et non Emmanuel, p 23), Saint-Gall en Suisse n’a pas la même orthographe que la nation appartenant au Royaume-Uni (p 185), l’un des pères de l’Europe a pour nom Alcide de Gasperi (et non de Gaspari, p 190). Peut-être aurait-il été utile de rappeler que Mgr Pascal Gollnisch (c’est l’orthographe de son nom, p 223), directeur général de l’œuvre d’Orient (2010), est notamment chapelain de Sa Sainteté depuis 2012, ce qui lui a donné le titre de « monseigneur », et vicaire général de l’ordinariat des catholiques orientaux en France (2014)… Enfin, faut-il reconnaître Mgr Raymond-Marie Tchidimbo dans le « Mgr Chilombo » de la page 362 que l’episcopologe ne connaît pas ?

Une diplomatie axée sur la défense des libertés religieuses

Les innovations de la diplomatie du pape François sont très largement analysées. Sa « règle d’or » est de défendre les « libertés religieuses comme le pivot de toute démocratie » (p 206). C’est le sens de la rencontre de Sarajevo en 2015 : « entre le laboratoire de Sarajevo et les instances européennes, le pape a choisi son camp […] La stratégie consiste plutôt à agir encore et toujours par les périphéries, à évangéliser selon la géopolitique des pauvres et des laissés-pour-compte des systèmes dominants » (p 208).

La problématique choisie permet de voir la question traitée sous l’angle romain. Sur certains sujets, le lecteur souhaiterait en savoir plus, au-delà de ce que les media peuvent savoir et dire, sur un certain nombre de sujets : les rapports de la classe politique congolaise, pouvoir (d’inspiration lumumbiste) et opposition (qui a travaillé avec l’ensemble des gouvernements depuis l’indépendance), à l’Église catholique ne sont ni lisses ni linéaires dans un pays marqué par le prophétisme kimbanguiste notamment. De même, la mise en concurrence des générations au sein de l’appareil d’État cubain et au sein des cubains réfugiés, notamment en Floride n’est pas sans incidence avec les bouleversements des relations entre Cuba et les États-Unis. Ceux-ci sont évoqués pages 304 à 310. Enfin, les rivalités entre diplomates et leurs familiers ne sont pas sans effet sur les nominations dans les représentations diplomatiques : voilà un champ d’étude à ouvrir dans les années qui viennent.

Luc-André Biarnais
archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun

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