Comment Rembrand nous permet de découvrir l’histoire des Hautes-Alpes

Arlette Playoust, Une gravure de Rembrandt dans les Hautes-Alpes : recherches et conclusions, Association départementale de sauvegarde du patrimoine du Pays du Buëch et des Baronnies, 2015, 138 p.

Arlette Playoust, dans cet ouvrage, nous donne une magistrale leçon de méthodologie en histoire. La couverture du livre porte en sous-titre : « les méandres de la recherche ». Entre le don de la gravure par un particulier (1995) et la publication de ce livre par le donataire, se passe vingt ans consacrés à l’étude de cet exemplaire d’une œuvre de Rembrandt. L’auteur, aujourd’hui, dresse un état de ce qu’elle sait et de ce qu’elle ignore et, également, ce qui reste à l’état d’hypothèses. Au-delà de ces dernières et des conclusions, Arlette Playoust dit quand elle cesse de suivre une voie. C’est le cas, page 21 par exemple : « cette piste est donc abandonnée, et il faut en suivre une autre ».

Ce livre est, par conséquent, un hommage à la recherche, patiente et longue, et à ce qu’elle nous apprend sur les personnes et les lieux. Nous retrouvons ici un peu de l’esprit du livre d’Alain Corbin, Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot, sur les traces d’un inconnu (1798-1876), Paris, Flammarion, 1998, 336 p. Soulignons évidemment qu’Arlette Playoust a, dans cette période de vingt ans, publié d’autres ouvrages, seule ou non : Mémoires d’un Champsaurin, Ambroise Faure (1795-1871) en 2007, Maisons monastiques médiévales en Provence et Dauphiné (2010), Les Prieurés de Cluny de l’ancien diocèse de Gap (2010).

Le point de départ est donc la remise en septembre 1995 d’une gravure de l’artiste hollandais Rembrandt (1606-1669), la Grande descente de croix (1633) à l’association éditrice. Arlette Playoust analyse la gravure et le contexte où elle a été produite, elle s’intéresse au graveur et au papier sur lequel il a travaillé. Elle interroge la généalogie des propriétaires et les situe dans leurs milieux sociaux et religieux, certains étant protestants. De surcroît, elle passe au crible les maisons où la gravure a pu être conservée (propriétaires successifs, périodes d’occupation ou non des lieux, disposition des pièces) : la maison Tardieu à Serres, les maisons Mourès à Barcillonnette et à Serres. Les plans des immeubles et ceux du cadastre sont publiés.

Les annexes (pages 75-133) contiennent les actes de vente des maisons, les testaments, des notices biographiques et un inventaire de maison, y compris sa bibliothèque.

Luc-André Biarnais
archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun

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