Thierry Murcia, Marie appelée la Magdaléenne, entre traditions et histoire, Ier-VIIIe siècle, coll. Héritages méditerranéens, Aix-en-Provence : Presses universitaires de Provence, 2017, 417 p., 25 €.
En Provence, le culte à Marie-Madeleine est important, comme en témoigne la présentation de l’oratoire de Soliès-ville dans le numéro de mai 2017 de la revue Oratoires.
La coutume qui amalgame Marie de Béthanie, Marie de Magdala et la pécheresse pardonnée par Jésus en la seule figure de Marie-Madeleine, femme de mauvaise vie, date du VIe siècle et est apparue à Rome. Comme nous l’avons vu dans le catalogue d’exposition Marie Madeleine, la passion révélée, cette position est aujourd’hui contestée par la plupart des spécialistes.
Thierry Murcia interroge quant à lui une tradition différente, celle des chrétiens d’Orient, qui identifie la Magdaléenne, et elle seule, à Marie mère de Jésus. Très répandue dans les premiers siècles de l’Église orientale, de nombreux documents, étudiés ici, témoignent de sa vigueur passée. À travers les Évangiles, certains passages du Talmud, des sources patristiques, manichéennes, gnostiques et mandéennes, l’auteur montre sa pertinence. Il insiste particulièrement sur la présence des femmes au Calvaire et sur la première apparition de Jésus après la résurrection, dont sa mère Marie serait, selon la théorie qu’il expose ici, le témoin privilégié.
Cette hypothèse est largement étayée par de nombreuses citations des textes anciens et des tableaux comparatifs qui permettent de bien visualiser tous les éléments. En regard du prix très raisonnable pour un ouvrage de ce niveau scientifique, ce livre est indispensable pour qui veut mieux cerner le personnage de Marie-Madeleine et jeter un regard neuf sur Marie, mère de Jésus.
Hélène Biarnais bibliothécaire du diocèse de Gap et d'Embrun
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