Une lecture des Évangiles

Jacques Leclerc du Sablon, Suis-moi. Lecture dynamique des Évangiles, Paris : Salvator, 2019, 170 p., 16 €.

Le père Jacques Leclerc du Sablon, né en 1949, est prêtre de la Mission de France, selon la profonde spiritualité de l’École française et de sa communauté sur l’incarnation du Christ. Il répond à la question « Comment peut-on vivre comme Jésus » (p. 13). La tonalité missionnaire et incarnée du livre ressort tout au cours de cette lecture dynamique des Évangiles. Le présent ouvrage fait suite à l’une de ses précédentes publications : Vivre ‘à la Jésus’. Chemin de spiritualité missionnaire (2015, traduit en anglais et espagnol). L’auteur fait référence à son expérience d’agronome (p. 54, 119…), et surtout à son ministère de prêtre en Afrique (Tanzanie), en Chine, aux Philippines, et maintenant à Lille, au service de formation. Son intention est de conduire ses lecteurs à devenir disciples et témoins du Christ là où ils vivent, comme le pape François appelle à être « disciples-missionnaires » (p. 7). Pour ce faire, l’auteur procède en guidant les lecteurs sur un itinéraire en cinq étapes de lecture méditée des Évangiles.

D’abord « oser entrer dans l’Évangile » en rejoignant les anonymes rencontrant Jésus : les serviteurs à Cana, les foules, le garçon donnant ses cinq pains. Puis regarder Jésus en ses rencontres, ses enseignements, ses guérisons, son pardon. Là, écouter vraiment son appel « Suis-moi ! », et marcher avec lui. Ensuite, découvrir comment Jésus est le Christ : à la croix et à la Résurrection. Puis saisir que l’Évangile ne concerne pas que l’individu, mais le monde en ses attentes. Enfin, faire nôtre l’appel que Jésus ressuscité a renouvelé à Pierre, et recevoir sa parole d’envoi pour témoigner, autour de soi, de l’amour et de la Lumière du Christ.

L’auteur écrit sur un ton chaleureux, très vivant et très personnel. Il relit de nombreux passages d’Évangile, « à la Jacques » (p. 15), avec précision, et implication. Il exprime la façon dont l’Évangile a « trempé » longuement en son cœur, « comme une étoffe trempe dans une teinture, et s’en laisser imprégner » (p. 12). Parfois, le père Leclerc du Sablon ne manque pas de s’interpeller lui-même : « Jacques ! » (p. 69 notamment). En évoquant bien des épisodes et des situations, il ouvre le lecteur aux horizons de l’Afrique, de la Chine, des Philippines. Il n’hésite pas à mentionner des termes écrits en symboles chinois pour en commenter la saveur et l’apport de sens pour nous (p. 31, 40-41, 60, 133…).

À propos de l’eucharistie qui unit si bien vie humaine et vie divine, Jacques Leclerc du Sablon reprend l’expression « la vie mêlée » du père Étienne Grieu dans Un lien si fort : « Le pain eucharistique est le corps de Jésus-Christ livré et mêlé à notre vie, pour le salut du monde malentendant… et de Jacques ! » (p. 69). Suite à Charles de Foucauld, à Madeleine Delbrêl, à Simone Weil, à mère Teresa, et aux invitations du pape François, l’auteur s’ingénie à « raconter l’incarnation de l’Évangile dans nos vies » (p. 38). Il nous aide à saisir la présence de « l’Incarné » près de nous, la dynamique vivante, « mêlée » à nous en nos démarches missionnaires.


Père Pierre Fournier
diocèse de Gap et d'Embrun
1948 - 2021

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